Levif et lumineux concert s’éteignait sur L’hymne Ă  la nuit de Jean-Philippe Rameau, une musique propulsĂ©e auprĂšs du grand public par le film Les choristes. Cet article est rĂ©servĂ© aux DATE DIRECTION EDITEUR NOMBRE LANGUE FICHE DÉTAILLÉE 1983/90 John Eliot Gardiner Erato 3 français 1983/95 John Eliot Gardiner Erato 1 français 1983/99 John Eliot Gardiner Le Voyage Musical 1 français DVD ENREGISTREMENT ÉDITION DIRECTION ÉDITEUR FICHE DÉTAILLÉE 2003 2004 Marc Minkowski Opus Arte OpĂ©ra commandĂ© Ă  Rameau par l’OpĂ©ra de Paris, mis en rĂ©pĂ©tition durant l’étĂ© 1764. Atteint de fiĂšvre putride » le 23 aoĂ»t, Rameau mourut le 12 septembre et laissa l’Ɠuvre inachevĂ©e. Celle-ci fut abandonnĂ©e et non reprĂ©sentĂ©e, ni Ă©ditĂ©e en son temps. Une partition d’orchestre manuscrite, conservĂ©e Ă  la BibliothĂšque nationale, porte sur la feuille de garde une note attribuĂ©e Ă  Decroix Cette tragĂ©die est le dernier ouvrage de musique de Rameau. L’AcadĂ©mie royale de musique en allait faire la rĂ©pĂ©tition, lorsque l’auteur mourut en septembre 1764. La reprĂ©sentation n’eut pas lieu. Le poĂšme et la musique n’ont pas Ă©tĂ© gravĂ©s, ni imprimĂ©s. L’auteur du poĂšme est inconnu. Synopsis Acte I La reine Alphise doit choisir pour Ă©poux l’un des deux fils de BorĂ©e, le dieu des Vents du Nord. Mais elle aime en secret Abaris, protĂ©gĂ© du grand prĂȘtre d’Apollon, dont la naissance demeure mystĂ©rieuse. Les deux prĂ©tendants, Calisis et BorilĂ©e, pressent la reine de se dĂ©cider. Acte II Abaris avoue au grand prĂȘtre Adamas qu’il aime Alphise d’un amour qu’il croit sans espoir. Adamas l’encourage Ă  persĂ©vĂ©rer. Alphise se rend au temple d’Apollon et confie Ă  Abaris qu’elle a vu en rĂȘve le dieu BorĂ©e ravager son royaume. L’émotion que manifeste Abaris trahit ses sentiments envers la reine, qui, Ă  son tour, confesse son amour. Arrive la cour. Les deux princes borĂ©ades dĂ©clarent Ă  nouveau leur transport amoureux. L’Amour apparaĂźt et remet Ă  Alphise une flĂšche enchantĂ©e qui doit conjurer tous les malheurs. Il annonce qu’il approuve son choix, mais que seul un descendant de BorĂ©e a le droit de l’épouser. Acte III Alphise et Abaris doutent que leur amour puisse connaĂźtre une issue favorable. Devant l’impatience du peuple Ă  connaĂźtre le nom de son nouveau roi, Alphise dĂ©cide d’abdiquer afin de pouvoir Ă©pouser l’élu de son cƓur. Calisis et BorilĂ©e invoquent la colĂšre de BorĂ©e, qui dĂ©chaĂźne des vents furieux. Au cours d’une violente tempĂȘte, Alphise est enlevĂ©e par les BorĂ©ades. Acte IV Abaris, dĂ©sespĂ©rĂ©, veut s’immoler mais Adamas le conjure de voler au secours de sa bien-aimĂ©e. Acte V Alphise a Ă©tĂ© transportĂ©e dans le royaume souterrain de BorĂ©e, qui lui ordonne de choisir entre l’un de ses fils et l’esclavage. Calisis et BorilĂ©e continuent de la poursuivre, mais la reine prĂ©fĂšre subir la torture plutĂŽt que de cĂ©der. Abaris, grĂące Ă  la flĂšche enchantĂ©e, parvient Ă  calmer les vents furieux. Apollon paraĂźt alors et rĂ©vĂšle qu’il est en fait le pĂšre d’Abaris, qu’il a engendrĂ© avec une nymphe du sang de BorĂ©e. Rien ne s’oppose plus aux noces d’Alphise et d’Abaris. Synopsis dĂ©taillĂ© Acte I Les BorĂ©ades ne comportent pas de prologue et l’ouverturc dans la forme en trois mouvemrnts italienne est reliĂ©e directement Ă  l’action principale. Les appels de cors et les fanfares nous appren-nent que la cour est Ă  la chasse. Alors que le dernier accord s’éteint, la reine Alphise renvoie son entourage et confie sa lassitude Ă  sa confidente SĂ©mire. Des festivitĂ©s sont organisĂ©es pour son divertissetnent et on la presse de choisir un mari. Elle a dĂ©cidĂ© de n’épouser aucun des deux prĂ©tendants des princes BorĂ©ades, et confesse Ă  SĂ©mire son amour pour Abaris, un Ă©tranger. SĂ©mire la supplie de reconsidĂ©rer son choix, la mettant en garde contre la colĂšre certaine de BorĂ©e. BorilĂ©e, plein de flatterie obsĂ©quieuse, puis Calisis pressent Alphise. La reine temporise, elle se soumettra Ă  la dĂ©cision d’Apollon dont on attend l’arrivĂ©e avec impatience. Calisis introduit alors une troupe de plaisirs et de grĂąces. Plusieurs danses alternant avec des petits airs font culminer la scĂšne dans une ariette Un horizon serein » chantĂ©e par SĂ©mire. Avec une ironie marquante, elle compare le plaisir d’un jour de calme sur l’ocĂ©an aux dĂ©lices de l’amour et du mariage, les dangers d’une tempĂȘte soudaine aux tourments de la passion. Une contredanse en rondeau conclut l’acte. Acte II Abaris est seul dans le temple d’Apollon ; le dieu ne semble pas avoir prĂȘtĂ© attention Ă  sa demande d’aide. Le grand-prĂȘtre Adamas repense Ă  l Ă©poque oĂč Abaris lui a Ă©tĂ© confiĂ© tout enfant par Apollon dans la promesse qu’on ne lui rĂ©vĂ©lerait pas le secret de sa naissance avant qu’il ne se prouve digne du sang des dieux. Il appelle Abaris qui confesse son amour pour Alphise ; Adamas place tout son espoir dans sa valeur. Adamas commande Ă  ses prĂȘtres d’obĂ©ir Ă  Abaris comme Ă  lui-mĂȘme jusqu’à ce que le nouveau roi soit dĂ©signĂ©. La reine arrive en grande dĂ©tresse, elle demande au prĂȘtre d’intercĂ©der auprĂšs du dieu en sa faveur. Abaris. laissĂ© seul avec elle, l’écoute raconter d’une maniĂšre trĂšs agitĂ©e un songe dans lequel BorĂ©e menace de dĂ©truire son palais et son royaume. Abaris proclame sa sympathie en appelant Apollon pour la protĂ©ger et, oubliant son rĂŽle de prĂȘtre, dĂ©clare son amour. Alphise avoue alors ses sentiments pour lui. Entendant ses suivants approcher, elle essaie de modĂ©rer ses exclamations de joie qu’il transforme en un hymne de gloire Ă  Apollon dans lequel les prĂȘtres et les courtisans le rejoignent. Une nymphe chante un hymne Ă  la libertĂ© de l’amour loin des passions. Un ballet figurĂ© est dansĂ© mimant la lĂ©gende de BorĂ©e et d’Orithye. Une entrĂ©e processionnelle d’Orithye et de ses suivantes portant les vases sacrĂ©s amĂšne Ă  un rigaudon, la danse d’Orithye en l’honneur d’AthĂ©na. Cette danse est interrompue brutalement par l’arrivĂ©e de BorĂ©e. Calisis tire Ă  point la morale il faut Ă©couter les injonctions de Amour quand le moment est venu et BorilĂ©e prĂ©dit que mĂȘme le coeur le plus fier doit s’abandonner un jour Ă  l’amour. La danse qui suit est une loure suivie par une gavotte pour les suivants de BorĂ©e ainsi qu’une gavotte pour Orithye. Pendant ces cĂ©lĂ©brations, une lumiĂšrc remplit le temple et les accords harmonieux des bois annoncent l’arrivĂ©e non d’Apollon, mais de Cupidon. Descendant de son char, il donne Ă  Alphise une flĂšche avec ces mots ambigus EspĂšre tout de ce trait enchantĂ©, l’Amour lui-mĂȘme te le donne. J’approuve ton penchant, c’est moi qui l’ai dictĂ©. mais le sang de BorĂ©e obtiendra la couronne. » L’acte se termine avec un choeur Ă  la gloire de l’Amour et d’Apollon qu’Alphise et les deux prĂ©tendants interrogent Amour nous serais-tu-contraire ou favorable ? » Acte III Alphise, seule. Ses pensĂ©es vont de l’horreur de son rĂȘve et des consĂ©quences du dĂ©plaisir de BorĂ©e au charme de son amour et ses espoirs de futur bonheur. Abaris s’approche, il s’inquiĂšte de se voir sacrifiĂ© au trĂŽne et de perdre Alphise au bĂ©nĂ©fice de ses rivaux. Elle l’assure Ă  nouveau de son amour, le choeur adresse un chant Ă  Hymen et le peuple entre en procession solennelle, les suivants prĂ©sentent un divertissement qui est un dernier essai pour influencer le choix de la reine. Adamas la presse de choisir son Ă©poux, Alphise dĂ©clare Ă  l’assemblĂ©e que, pour Ă©chapper au dĂ©plaisir du Dieu et Ă©pouser l’homme qu’elle aime, elle doit cesser d’ĂȘtre leur reine. Elle demande Ă  ses sujets de la relever de ses obligations royales et de choisir un roi Ă  sa place. TrĂšs peu Ă©branlĂ©e par leur dĂ©convenue, elle se tourne vers Abaris et lui offre la flĂšche magique. Calisis et BorilĂ©e, humiliĂ©s en public, rĂ©clament le trĂŽne outragĂ© de les voir si prĂ©somptueux, Abaris bondit Ă  la dĂ©fense de la reine, Alphise le calme ; elle rĂšgne maintenant sur un coeur noble et sincĂšre et elle trouvera sa gloire en lui plaisant et le bonheur en l’aimant toujours ». Le peuple soutient la reine et l’époux qu’elle s’est choisi. Calisis et BorĂ©e en appellent Ă  BorĂ©e pour les venger, une terrible tempĂȘte Ă©clate avec des Ă©clairs, du tonnerre et des tremblements de terre. les Ă©lĂ©ments sont dĂ©chaĂźnĂ©s, Alphise est emportĂ©e par un tourbillon. Abaris et le choeur chantent une plainte qui termine l’acte. Acte IV La tempĂȘte continue de faire rage pendant l’entracte. Les habitants terrifiĂ©s tentent de calmer BorĂ©e. BorilĂ©e apparaĂźt et, au milieu de la foule qui pleure, il jure qu’il se vengera d’Alphise. Le peuple fait Ă  nouveau appel au dieu implacable. Brusquement la tempĂȘte s’arrĂȘte et Abaris revient brisĂ© et déçu. Il exprime son chagrin dans un air poignant Lieux dĂ©solĂ©s », Adamas vient implorer son aide. Pour sauver le peuple, le pays et la reine elle-mĂȘme » Abaris doit abandonner son amour. Abaris tente de se frapper avec la flĂšche, Adamas l’en empĂȘche lui rappelant que cette flĂšche a des pouvoirs secrets qui peuvent le mener Ă  la victoire sur ses rivaux. A nouveau seul, Abaris en appelle Ă  Apollon » Dieu du Jour, hĂątez-vous, secondez ma fureur, faites-moi transporter au lieu oĂč l’on m’outrage, qu’Alphise en moi trouve un vengeur, mais n’en dĂ©robez pas la gloire Ă  mon courage. » La muse Polymnie rĂ©pond Ă  son appel. Deux gavottes Ă©voquent non seulement les aires des ZĂ©phirs mais aussi une horloge puis deux rigaudons ; un choeur et deux airs encouragent Abaris Ă  voler sur la terre et la mer jusqu’au sĂ©jour du Tonnerre. Air d’Abaris contre les vents. Voyage. Je vais flĂ©chir un dieu sĂ©vĂšre, il faut que ce jour Ă©claire mon triomphe ou mon trĂ©pas. Acte V Dans son domaine, au-delĂ  du Vent du Nord, BorĂ©e commande aux Vents de renouveler leurs ravages sur la terre. Ils rĂ©pondent faiblement Ă  sa demande et, devant ]es menaces de BorĂ©e, indiquent que c’est la voix d’un mortel qui les force au repos ». Alphise entre, poursuivie par Calisis et BorilĂ©e. BorĂ©e, furieux dc son impuissance Ă  soulever les Vents, prĂ©vient Alphise pour la derniĂšre fois qu’elle doit prendre l’un des princes pour Ă©poux ou vivre une vie d’esclave Un empire ou des fers, ton sort est Ă  ton choix. » Alphise n’est pas Ă©branlĂ©e par cette menace. BorĂ©e s’emporte de son obstination et exhorte ses servants Ă  inventer de nouvelles tortures pour la faire vivre dans les tourments. Alors qu’on l’emmĂšne couverte de chaĂźnes, Aharis apparaĂźt. A]phise le presse de s’enfuir et les BorĂ©ades se raillent de lui alors qu’il essaie de les arrĂȘter. Ils le menacent de mort. Abaris fait briller sa flĂšche qui Ă©tonne le dieu mĂȘme » Il blĂąme ses rivaux de leur orgueil et de leur ambition vous voulez ĂȘtre craints, pouvez-vous ĂȘtre aimĂ©s ? » et les force au silence. Alors qu’ils succombent au charme de la flĂšche magique, le dieu du Jour arrive et dĂ©clare qu’Aharis est son propre fils qu »il eut d’une jeune Nymphe descendante de BorĂ©e. BorĂ©e doit recotmnaĂźtre sa dĂ©faite et rĂ©unit les amants. Abaris, emportĂ© de joie et de gratitude, touche Ă  nouveau les princes de sa flĂšche pour briser l’enchantement. C’est la fin du jour, Apollon doit partir, il Ă©tablit une Ă©ternelle lumiĂšre sur les sombres demeures de BorĂ©e. L’amour, le plaisir et la joie sont Ă©tablis Ă  la demande d’Apollon ; la compagnie commence Ă  danser et les amoureux cĂ©lĂšbrent leur triomphe. AprĂšs un pas de deux et deux menuets, Abaris dans une ariette compare l’amour Ă  un ruisseau paisible qui se transforme en un torrent quand on le gĂȘne. L’opĂ©ra se termine avec deux contredanses. En dĂ©pit de la gravitĂ© du sujet, la musique affecte une animation vide. On croirait qu’elle s’agite pour se rĂ©chauffer, et n’y parvient pas. Ce sont les derniĂšres convulsions d’un gĂ©nie qui se meurt. » Rameau – Louis Laloy – 1919 Partition Manuscrit autographe conservĂ© Ă  la BibliothĂšque Nationale de Paris. Fac-similĂ© rĂ©alisĂ© par les Editions Stil et disponible aux Editions Fuzeau, avec l’aimable autorisation des Editions Stil – ReprĂ©sentations OpĂ©ra National du Rhin – Mulhouse – La Filature – 18, 21 juin 2005 – OpĂ©ra de Strasbourg – 28, 29 juin, 1er, 2, 4 juillet 2005 – Membres des choeurs de l’OpĂ©ra national du Rhin – Choeur du Concert d’AstrĂ©e – Le Concert d’AstrĂ©e – Ballet de l’OpĂ©ra national du Rhin – dir. Emanuelle HaĂŻm – mise en scĂšne Laurent Laffargue – dĂ©cors Philippe Casaban et Eric Charbeau – costumes HervĂ© Poeydomenge – lumiĂšres Patrice Trottier – chorĂ©graphie Andonis Foniadakis – avec Anne Lise Sollied Alphise, Delphine Gillot SĂ©mire, Nicolas Cavallier BorilĂ©e, Paul Agnew Abaris, Luanda Siqueira Nymphe, Malia Bendi Merad Amour, Andrew Foster Williams BorĂ©e, Eric Laporte Calisis, Thomas DoliĂ© Apollon, Adamas, Kimy McLaren Nymphe, Luanda Siqueira Polymnie Diapason – septembre 2005 – Rameau tragic circus Si contrainte il y a dans Les BorĂ©ades, c’est
dans la prolifĂ©ration des divertissements quel sens leur donner pour qu’ils ne gangrĂšnent pas le rĂ©cit ? Laurent Laffargue, Ă  Strasbourg, inverse la perspective; d’une tragĂ©die lyrique saturĂ©e de divertissements, il fait un vaste divertissement, truffĂ© de tragĂ©die et abritĂ© dans un cirque — l’emprunt aux Indes galantes d’Arias est suivi par plusieurs citations des BorĂ©ades de Carsen et de Pelly. Propice Ă  la danse et au Merveilleux, ce choix pose autant problĂšmes qu’il en rĂ©sout comment faire souffler l’apothĂ©ose des vents-pulsions rĂȘvĂ©e par Rameau dans un espace calfeutrĂ© par ses velours, ses rouges et ses ors ? Que devient le ressort dynastique de l’intrigue dans ce monde de pure fantaisie, peuplĂ© de clowns, de dompteurs-chasseurs, d’animaux en tout genre et de Monsieur Loyal ? Sans parler de l’enjeu politique, avancĂ© par Sylvie Buissou, dans le texte de prĂ©sentation, comme motif de l’annulation de 1763. Et comment rendre crĂ©dible la dĂ©termination hĂ©roĂŻque d’Abaris si l’on en fait un clown blanc, dĂ©pressif Ă  souhait ? Elle est tout de mĂȘme plus nĂ©cessaire Ă  l’action que ses moments de tendre affliction — dans lesquels Paul Agnew est parfait. Personnages maladroits – Le parti pris du cirque s’épuise vite son vĂ©ritable intĂ©rĂȘt est de stimuler les chorĂ©graphies d’Andonis Foniadakis, dont la vigueur frĂ©missante renvoie au rayon accessoires un Calisis d’opĂ©rette Eric Laporte, timbre ingrat et vocalise laborieuse et un BorilĂ©e trop brutal pour ĂȘtre profondĂ©ment vicieux Nicolas Cavalier, dĂ©cevant. Comment des personnages aussi maladroits pourraient-ils menacer l’Alphise majestueuse d’Anne-Lise Sollied ? Sa voix charnue trouve le relief dĂ©clamatoire du rĂ©citatif français et dĂ©coche brillamment Un horizon serein ». Perfectible prononciation, et surtout nuances, son Alphise atteint nĂ©anmoins une profondeur que ni Bonney Ă  Paris ni Delunsch Ă  Lyon n’avaient approchĂ©e. Autres rĂ©ussites, dans les seconds rĂŽles, l’Amour irrĂ©sistible de Malia Bendi MĂ©rad dĂ©jĂ  prĂ©sente Ă  Lyon, le doublĂ© Appolon/Adamas du jeune Thomas DolliĂ© idem et le BorĂ©e d’Andrew Foster Williams — terrible et boiteux, haineux car impuissant, la meilleure idĂ©e de Laffargue. Assez tournĂ© autour du pot la plus grande dĂ©ception vient du Concert d’AstrĂ©e. Rien de dĂ©sastreux, seulement un orchestre dont le niveau semble encore loin du standard qu’ont imposĂ© les formations sur instruments anciens depuis trente ans. Difficile de savoir si le problĂšme vient de la direction d’Emmanuelle HaĂŻm dont le bras, au lieu de porter le souffle, le chant, l’idĂ©e, les atomise en convulsions angulaires la phrase n’atteint jamais son terme ? Ou d’un orchestre encore jeune et sans expĂ©rience de ce rĂ©pertoire? MalgrĂ© certains Ă©lĂ©ments irrĂ©prochables et un bel investissement, plusieurs pupitres,notamment les cordes, ne tiennent » pas, question de son et de discipline pourquoi les confronter Ă  l’une des partitions les plus pĂ©rilleuses du XVIIIe siĂšcle s’ils accusent encore des faiblesses, au disque, dans l’Ouverture bienveillante de Didon etEnĂ©e ! Souhaitons Ă  Emmanuelle HaĂŻm de se protĂ©ger de notre attrait coupable pour le tout nouveau, tout beau », de ne pas devoir accepter d’autres paris impossibles. Et, surtout, d’avoir le temps de mener son orchestre Ă  maturitĂ©, Ă  son rythme. » Crescendo – Ă©tĂ© 2005 De l’ultime chef-d’oeuvre de Rameau, l’opĂ©ra du Rhin a fait plus fastueuse des superproductions Ă  grand spectacle; solistes triĂ©s sur le volet et trois douzaines de choristes, quatre d’instrumentistes et deux de danseurs avec chefs d’orchestre et de choeurs et Ă©quipe de mise en scĂšne, au total un plateau de cent trente personnes ! Eh oui, Rameau est cher si on veut le montrer autrement que dans des conditions Ă©triquĂ©es indignes de son gĂ©nie. Mais quelle rĂ©compense ! Nous sommes au cirque, un cirque de la veille de l914 tout illuminĂ© de rangs d’ampoules Ă©lectriques. Plus qu’un opĂ©ra, c’est un grand ballet avec chants que nous voyons ici, la magnifique chorĂ©graphie d’Andonis FoniadakĂŻs structure tout le spectacle en parfaite symbiose d’action avec la mise en scĂšne de Laurent Laffargue. Le plateau grouille de vie, d’acrobaties, de sauts et de cabrioles, cela court et bondit dans tous les sens, Ă  l’occasion Alphise chante son air, juchĂ©e en grand portĂ©, et quels fabuleux danseurs que ceux du Ballet National de l’opĂ©ra du Rhin! Oui, il fallait commencer par lĂ ! CĂŽtĂ© mise en scĂšne, le rouge domine, rouge vif des costumes et pourpre du dĂ©cor. Mais aussi le blanc, celui du hĂ©ros Abaris et du dieu Apollon, et le noir des “peuples” opprimĂ©s. Le Grand PrĂȘtre Adamas l’excellent Thomas DoliĂ©, double le rĂŽle d’Apollon. Le dĂ©licieux Amour de Malia Mendi Berad descend des cintres, Ă©carlate, affublĂ© d’un drĂŽle de haut de forme, signe d’autoritĂ©.., et dompteur de cirque pour atterrir sur un superbe cheval. Plus tard, Apollon descendra de mĂȘme, avec haut de forme blanc, mais sans cheval. Lhorrible dieu BorĂ©e trouble la fĂȘte Ă  grands claquements de fouet le fouet du plaisir, ce bourreau sans merci » disait Baudelaire! et ces fouets se multiplient au dernier acte, lorsqu’avec une audace inouĂŻe pour l’époque, Rameau nous fait assister longuement sur scĂšne aux tortures que subit le malheureux Alphise; c’est insoutenable ! Mais la mise en scĂšne fourmille de trouvailles ! Pour le cĂ©lĂšbre Hymne Ă  la libertĂ© l’une des raisons de l’interdiction des BorĂ©ades du vivant de Rameau, danseurs et danseuses sont nus, entourĂ©s de blanches baignoires invitant au plaisir; la censure sait bien que la libertĂ© passe d’abord par la fin de l’oppression sexuelle! Les solistes Ă  la trĂšs minime rĂ©serve de Delphine Gillot, SĂ©mire Ă  la voix un peu dure et Ă  la justesse un peu compromise par un vibrato dĂ©placĂ© dans Rameau sont au-dessus de tout Ă©loge, avec le satanique BorĂ©e d’Andrew Foster-WillĂŻams, voix “noire” comme celle du non moins impressionnant BorilĂ©e de Nicolas Cavallier contrastant avec le tĂ©nor volontairement doucereux d’Eric Laporte en Calisis, avec surtout le bouleversant Alphise d’Anne-Lise SollĂŻed et l’inoubliable Abaris de Paul Agnew, l’un des triomphateurs de la soirĂ©e dans un rĂŽle qu’il a su faire sien depuis longtemps. Moment exceptionnel que les dix mesures ! oĂč ils chantent, enfin rĂ©unis, leur duo aux luxuriantes vocalises. A-t-on assez remarquĂ© que l’accomplissement ultime de l’amour est toujours un bref paroxysme; la fin du Couronnement de PoppĂ©e, Idamante et Ilia sous le glaive du sacrificateur dans IdomĂ©nĂ©e, l’indicible orgasme de “O namenlose Freude” dans Fidelio Tamino et Pamina, absorbĂ©s par la joie collective maçonnique, n’auront pas mĂȘme cela!, pour aboutir au quasi silence du “je l’aime aussi” de MĂ©lisande
 Et ce duo prĂ©cĂšde la saine explosion finale de libĂ©ration physique, oĂč le plateau se transforme en bal populaire, avec cette Contredanse si Ă©tonnante, Galop d’Offenbach mĂątinĂ© de “Ah ça ira”! Oui, les censeurs durent en trembler! Quelle joie d’entendre toute la sublime partition dans sa plĂ©nitude et sa splendeur; Ă©clat et puissance des choeurs combinĂ©s de l’opĂ©ra National du Rhin et du Concert d’AstrĂ©e, dont l’orchestre en mĂȘme temps truculent bravo les cors mis Ă  rude Ă©preuve! et raffinĂ© souligne l’invention rythmique gĂ©niale de ce juvĂ©nile compositeur octogĂ©naire! Emmanuelle HaĂŻm, en immense progrĂšs sur une prestation dĂ©cevante Ă  Bruxelles il y a deux ans, anime de sa flamme et de son autoritĂ© ces trois grandes heures de spectacle qui passent comme une lettre Ă  la poste” mais cette mĂ©taphore est-elle encore actuelle?
. Elle prend rang dĂ©sormais aux cĂŽtĂ©s de Gardiner, de Christie, de Minkowski et de Rousset parmi la cohorte grandiloquente des grands “ramoneurs”. Un accueil proprement triomphal montre que dans des conditions idĂ©ales comme celles-ci, Rameau peut pleinement rĂ©intĂ©grer le grand rĂ©pertoire. A la sortie, j’entendais un gamin de douze ans dire Ă  ses parents; “C’est la premiĂšre fois que je ne m’endors pas Ă  l’opĂ©ra!” Mais je rĂ©serve Ă  part le moment oĂč, vaincu par l’émotion, les larmes m’ont fait fermer les yeux; l’indicible “EntrĂ©e de Polymate” au quatriĂšme acte, la musique dans toute sa puretĂ©. C’est ça, Rameau “le sec, le cĂ©rĂ©bral”, lui qui demandait Ă  un visiteur au clavecin; “Mon ami, faites-moi pleurer!’. ConcertClassic – 4 juillet 2005 Le parti pris de Laurent Laffargue semblait des plus intĂ©ressant. Situer l’action dans le monde du cirque. Mais voilĂ , au fil de la reprĂ©sentation, on a l’impression d’assister Ă  une succession de numĂ©ros sans aucune cohĂ©rence, et pourtant l’ultime ouvrage de Rameau suit une logique implacable l’abandon du pouvoir en faveur d’un amour sincĂšre et dĂ©sintĂ©ressĂ©. Dommage car faire d’Abaris un clown blanc correspondait bien Ă  la nature du personnage. Heureusement, c’est des voix et de l’orchestre que nous viendrons les moments de grĂąces. Anne Lise Sollied Alphise et Paul Agnew Abaris possĂšdent l’exacte tessiture de leurs rĂŽles voix souple et pleine de charme pour Elle, demi-teinte suaves souffle inĂ©puisable pour Lui. Son ultime ariette Que l’amour embellit la vie tient la salle en suspens dans un silence qui en dit long sur l’art de ce splendide artiste. Calisis et BarilĂ©e respectivement Eric Laporte et Nicolas Cavallier jouent parfaitement leur personnage, avec un avantage vocal pour la voix ambrĂ©e et souple de Nicolas Cavallier, mais pourquoi ces claquements de fouet intempestif qui viennent plus d’une fois rompre l’harmonie de l’orchestre et soulever les rires du public a contrario d’une action qui se veut dramatique. Nous ne parlerons pas des battements d’ailes ridicules du chƓur au dĂ©but du cinquiĂšme acte qui rĂ©duisent Ă  nĂ©ant les effets dramatiques de la scĂšne de BorĂ©e magnifique Andrew Foster Williams, voix ample et sĂ©pulcrale. Ballet sautillant et gesticulant en tous sens sans aucune grĂące, un comble pour un OpĂ©ra-ballet. Le concert d’AstrĂ©e sous la direction d’Emmanuelle HaĂŻm vient charmer nos oreilles tout au long de ces trois heures de spectacle. Articulation acĂ©rĂ©e des cordes, justesse des vents, petite harmonie qui gazouille Ă  souhait et nous donne Ă  entendre de merveilleuses pastorales. Admirable ChƓur du Concert d’AstrĂ©e renforcĂ© par les membres de l’OpĂ©ra National du Rhin. Un enchantement pour les oreilles, malheureusement gĂąchĂ© par une scĂ©nographie inadĂ©quate. » ConcertoNet – 28 juin 2005 – Accourez, doux zephyrs ! Que l’on se trouve Ă  ce point privĂ© d’air, au cours d’un spectacle oĂč il n’est pourtant question que d’orages, de tempĂȘtes et de vent, pourrait porter Ă  rire. Mais Ă  ce degrĂ© d’étouffement, dans une salle de l’OpĂ©ra National du Rhin transformĂ©e pour la circonstance en cocotte minute, ce n’est mĂȘme plus drĂŽle. La faute en revient naturellement Ă  Dame Canicule. Mais aussi Ă  l’absence de confort d’un théùtre certes d’une vĂ©tustĂ© attachante, certes rafistolĂ© Ă  plusieurs reprises, mais toujours pas mis aux normes d’une salle moderne, climatisation minimale incluse. Le public transpire en silence, tout juste animĂ© du friselis d’éventails de fortune qui s’agitent avec l’énergie du dĂ©sespoir, mais gageons que pour les solistes, les danseurs et l’orchestre la soirĂ©e ne doit pas ĂȘtre bien agrĂ©able non plus. En tout cas l’effet de la chaleur humide sur l’instrumentarium baroque du Concert d’AstrĂ©e semble ravageur, surtout du cĂŽtĂ© des bassons et des flĂ»tes Ă  becs, qui n’émettent plus que des couinements risibles. Un festival de gags sonores qui ne semble nullement perturber Emmanuelle HaĂŻm, affairĂ©e Ă  dĂ©ployer en tous sens une gestique surprenante, mi jerk atypique, mi touillage de mayonnaise
 Le tout ni Ă  mains nues, ni avec baguette, mais la main droite crispĂ©e sur un stylo bic encapuchonnĂ© de rouge, dont la prĂ©sence ici relĂšve de l’objet surrĂ©aliste. On imagine que cette agitation corporelle sans prĂ©cĂ©dent vise Ă  susciter chez toutes les forces en prĂ©sence une expressivitĂ© maximale. Et il est indĂ©niable qu’elle y parvient parfois. Mais on peut regretter aussi l’absence d’efficacitĂ© rythmique d’une battue peu lisible, facteur de confusion et d’indiffĂ©rence, au sein d’une masse instrumentale atone, voire flasque. A mesure que le spectacle avance la beautĂ© de l’écriture chorale vaillamment dĂ©fendue et quelques airs splendides parviennent heureusement Ă  faire oublier cette inconsistance
 de temps en temps. Sur le plateau, l’affairement des chanteurs n’est pas moins pathĂ©tique. En fait seul Paul Agnew parvient vraiment Ă  mettre en valeur les fastes d’une Ă©criture vocale rĂ©tive. Ce n’est qu’avec lui que l’ornementation envahissante de ce chant inhumain reprend son sens, et Ă©meut vraiment. On apprĂ©cie aussi les efforts d’Anne Lise Sollied, qui se bat courageusement pour insinuer sa jolie voix dans tous les mĂ©andres de sa partie, au risque de compromettre parfois la justesse de l’intonation. Thomas DoliĂ© se tire honorablement des deux rĂŽles d’Adamas et d’Apollon, les jolis moyens de Kimy McLaren et Luanda Siqueira attirent briĂšvement l’attention
 Mais avouons que le reste de la distribution, timbres quelconques, techniques approximatives, colonnes d’air vacillantes, laisse dubitatif. Seule la diction française est en gĂ©nĂ©ral d’une clartĂ© mĂ©ritoire, ce qui est louable, mais pas suffisant. Mettre Les BorĂ©ades en scĂšne et en danse est une gageure. L’alternance obstinĂ©e du chant et du divertissement chorĂ©graphique s’y rĂ©vĂšle vite d’une implacabilitĂ© tuante, les conventions du livret ne sont supportables qu’au prix d’une indulgence de tous les instants, et obtenir des chanteurs qu’ils parviennent Ă  porter leur attention Ă  autre chose qu’une ligne vocale monopolisante relĂšve de l’exploit. Finalement, le compromis proposĂ© par le metteur en scĂšne Laurent Laffargue et le chorĂ©graphe Andonis Foniadakis s’avĂšre plutĂŽt satisfaisant. On peut rester sceptique face Ă  une danse uniformĂ©ment agitĂ©e et sportive, mais dont la fluiditĂ© continuelle finit heureusement par assurer Ă  l’ouvrage un semblant d’armature. On apprĂ©cie aussi quelques tentatives intĂ©ressantes d’intĂ©grer les chanteurs dans la chorĂ©graphie elle-mĂȘme, avec quelques portĂ©s surprenants mais plutĂŽt rĂ©ussis. Et puis toute cette effervescence a au moins le mĂ©rite d’éviter les incongruitĂ©s d’une improbable modern dance, tout autant que les petits doigts levĂ©s et les poignets bloquĂ©s d’une gestuelle baroquisante rĂ©chauffĂ©e. Laurent Laffargue rĂ©ussit de son cĂŽtĂ© Ă  diriger ses acteurs avec un beau naturel. Quant Ă  la rĂ©fĂ©rence constante Ă  l’univers du cirque, elle autorise quelques effets sĂ©duisants, l’accumulation d’ors, de rouges et de brandebourgs Ă©vitant assez astucieusement une lassitude visuelle qui menace toujours plus ou moins. Pas vraiment l’onirisme et la crĂ©ativitĂ© soufflante sic qu’un tel ouvrage exige, mais finalement, jugĂ© Ă  l’aune de ce qui a Ă©tĂ© proposĂ© ailleurs ces derniĂšres annĂ©es dans ces mĂȘmes BorĂ©ades, Ă  Paris, Lyon, Salzbourg
 un trĂšs honnĂȘte et trĂšs beau travail. » Forum OpĂ©ra – 18 juin 2005 DĂ©cidĂ©ment, l’OpĂ©ra du Rhin nous aura gĂątĂ©s pendant cette saison 2004-2005. AprĂšs une Lulu théùtralement trĂšs forte il y a Ă  peine quelques jours, il clĂŽt cette saison avec Les BorĂ©ades de Rameau. Et encore un triomphe, un ! Créées en 1964 ! en version de concert par l’ORTF, ces BorĂ©ades n’ont connu leur premiĂšre reprĂ©sentation scĂ©nique qu’en 1982 Ă  Aix-en-Provence. C’est dire si Rameau ne les a jamais vues ! Mais gageons qu’il aurait aimĂ© cette nouvelle mise en scĂšne trĂšs inventive le dĂ©cor reprĂ©sente l’intĂ©rieur d’un grand chapiteau de cirque rouge sombre Ă  l’intĂ©rieur duquel les princes et les dieux sont des dompteurs et des chasseurs vĂȘtus de rouge dont le gibier sont les hommes les danseurs. Alphise elle-mĂȘme est vĂȘtue en dompteuse, mais avouons que dans ce costume elle ressemble plus Ă  la Grande-Duchesse de Gerolstein qu’à une reine grecque ! Tous les hommes sont habillĂ©s du mĂȘme costume de dompteur, Ă  l’exception d’Apollon qui, Ă©tant le dieu de la lumiĂšre, est vĂȘtu de jaune, et de Abaris, qui, n’appartenant pas Ă  cette communautĂ©, est vĂȘtu d’un simple costume couleur crĂšme et a le visage peint en blanc. Belle idĂ©e de théùtre, vraiment, bien qu’au bout de plus de trois heures de spectacle la mise en scĂšne devienne un peu ennuyeuse Ă  force de ne prendre appui que sur le monde du cirque et ses rituels faute de renouvellement, une certaine monotonie s’installe parfois. Par bonheur, le niveau musical de la soirĂ©e fait oublier cette menue rĂ©serve. Les femmes sont superbes, en particulier Alphise, incarnĂ©e par la norvĂ©gienne Anne Lise Sollied qui trace le portait d’une reine meurtrie . Vocalement, cette soprano possĂšde une voix pleine d’autoritĂ©, presque un peu trop charnue pour ce rĂ©pertoire. On regrettera toutefois des carences dans la diction, si importante chez Rameau. Delphine Gillot, pour sa part, incarne une belle SĂ©mire. Dans les courts rĂŽles de Nymphe et Polymnie, Kimy McLaren et Luandra Siqueira s’acquittent honorablement de leur ce sont les hommes qui se taillent la part du lion dans ce spectacle, Ă  commencer par le superbe BorĂ©e de Andrew Foster Williams. Dramatiquement fabuleux, le baryton anglais offre un portrait parfaitement haĂŻssable du dieu des vents auquel il offre sa belle voix puissante qui passe » sans effort l’orchestre et les choeurs. Les deux prĂ©tendants, Calisis et BorilĂ©e trouvent en Eric Laporte et Nicolas Cavallier des chanteurs Ă  leur mesure. Laporte fait preuve de belles demi-teintes, quoiqu’un peu en difficultĂ© dans les vocalises rapides. Cavallier, quant Ă  lui, confĂšre Ă  l’infĂąme BorilĂ©e des accents sombres parfaitement inquiĂ©tants. Thomas DoliĂ© est une rĂ©vĂ©lation. ÂgĂ© de seulement 26 ans, ce jeune baryton français a dĂ©jĂ  interprĂ©tĂ© brillamment Papageno Ă  l’OpĂ©ra du Rhin en janvier. Ici, il est Adamas et Apollon. Deux rĂŽles qui lui vont merveilleusement bien. Mais le vĂ©ritable hĂ©ros de cette soirĂ©e, c’est Paul Agnew. Ici, il se surpasse – si c’est possible – en terme de couleurs et de nuances. Son air, aprĂšs l’enlĂšvement d’Alphise par BorĂ©e, est tout simplement prodigieux tant Agnew y est tendre et poignant. ScĂ©niquement, il arbore une sĂ©curitĂ© et une prestance dignes du hĂ©ros qu’il incarne. Tant d’aisance vocale et physique, c’est confondant. A la fois gibier de chasse, attraction pour la reine Alphise et mĂȘme vents sous la domination de BorĂ©e, les danseurs sont omniprĂ©sents. Leurs chorĂ©graphies sont constamment inventives, dĂ©libĂ©rĂ©ment contemporaines – un parti pris surprenant, mais assumĂ© avec assez de talent pour convaincre. SonoritĂ©s superbes, phrasĂ©s inouĂŻs, le concert d’AstrĂ©e est superbement dirigĂ© par une Emmanuelle HaĂŻm visiblement amoureuse de cette oeuvre. Le public ne s’y est pas trompĂ© est a rĂ©servĂ© Ă  la cheffe » et Ă  ses musiciens un triomphe mĂ©ritĂ©. » Anaclase. com – 18 juin 2005 Si l’ultime tragĂ©die lyrique de Rameau dut attendre 1982 pour gagner enfin les planches, il semble que ce dĂ©but de XXIĂšme siĂšcle se complaise Ă  lui rendre les honneurs qui lui sont dus. Ainsi, aprĂšs la fort belle production de Robert Carsen Ă  Garnier en 2003, la mise en scĂšne lyonnaise que Laurent Pelly signait l’an passĂ©, c’est aujourd’hui Laurent Laffargue qui prĂ©sente sa vision des amours contrariĂ©es d’Alphise et Abaris Ă  l’OpĂ©ra National du Rhin. Deux univers se confrontent dans son spectacle celui de la chasse et celui du cirque. Le plateau s’en trouve envahi d’uniformes et de velours rouges, crĂ©ant une atmosphĂšre lourde d’une sensualitĂ© malsaine et dangereuse. La chorĂ©graphie de Andonis Foniadakis s’ingĂ©nie Ă  inventer d’étonnantes figures d’une expressivitĂ© convaincante, nous faisant suivre les pĂ©ripĂ©ties mĂ©taphoriques des valets, cavaliers et possibles montreurs d’ours, tout au long d’une fĂȘte Ă©trange et cruelle qui parfois forme des freaks par une insolente association des corps. La prĂ©sence d’un cheval – qui porte l’Amour sur scĂšne – parachĂšve l’option, partant que l’équidĂ© dĂ©signe immanquablement les univers susmentionnĂ©s, mais aussi la parade des pouvoirs, sujet principal de l’ouvrage, sans qu’il suffise Ă  traiter vĂ©ritablement son indiscutable dimension politique. Outre de faire l’impasse sur cet aspect des BorĂ©ades, Laffargue n’a pas su dĂ©velopper ses choix pour les faire vivre avec l’argument, de sorte que sa proposition de dĂ©part, plutĂŽt intĂ©ressante, s’épuise dĂ©jĂ  au milieu du second acte. On attend vainement une rĂ©vĂ©lation tout au long d’une reprĂ©sentation qui finalement s’achĂšvera dans les froufrous d’un joyeux Cancan. Comme Ă  Paris et comme Ă  Lyon, les chanteurs ne se sont pas mis d’accord quant aux prĂ©occupations de style, et la direction musicale semble ne s’y ĂȘtre guĂšre intĂ©ressĂ©e. Une nouvelle fois, le rĂ©sultat est choquant SĂ©mire, BorilĂ©e et Alphise affirment un franc bel canto, Adamas, Calisis et Abaris tentent la dĂ©clamation, tandis que la Nymphe et BorĂ©e s’évertuent Ă  rĂ©concilier les deux partis. La nĂ©gligence d’Emmanuelle HaĂŻm sur ce point n’a d’égal que l’imprĂ©cision et la platitude de son interprĂ©tation, conduisant un Concert d’AstrĂ©e vertigineusement approximatif dans une symphonie absurde qui va son cours tant bien que mal. Enfin, la distribution vocale surprend Ă  plus d’un titre. Eric Laporte – Calisis – vaillant Dardanus l’an dernier – OpĂ©ra de Bonn – accuse des faiblesses dĂ©cuplĂ©es ; si l’ornementation est joliment naturelle et la diction satisfaisante, la justesse est largement alĂ©atoire dĂšs le haut-mĂ©dium. Son rival BorilĂ©e bĂ©nĂ©ficie de la prĂ©sence insupportablement vul-gaire de Nicolas Cavallier ; on ne comprend pas bien pourquoi cet artiste, qu’on a pu maintes fois apprĂ©cier, se fourvoie dans un chant Ă  l’emporte-piĂšce. Anne Lise Sollied campe une Alphise relativement miĂšvre qui ouvre plutĂŽt bien l’exĂ©cution mais qui s’avĂ©rera sans nuance jusqu’à la fin ; le legato est indiscutablement fort bien menĂ©, mais vient tellement lisser l’ex-pression qu’on ne s’intĂ©resse guĂšre au sort de la reine. Delphine Gillot est plus convaincante en SĂ©mire, avec un timbre net, une intonation fiable et une irrĂ©prochable diction. De mĂȘme saluerons-nous le BorĂ©e de Andrew Foster Williams, sonore, intelligible et efficace, et la Nymphe de Kimy McLaren dont la couleur vocale renferme des richesses qu’on souhaite pouvoir dĂ©couvrir bientĂŽt. C’est une nouvelle fois Paul Agnew qui interprĂšte Abaris, un rĂŽle qui lui va comme un gant et qu’il sert d’un art subtil auquel on ne saurait ĂȘtre indiffĂ©rent, mĂȘme si le tĂ©nor n’est pas ce soir dans une forme exceptionnelle. Enfin, on retrouve Thomas DoliĂ©, le BorilĂ©e de Lyon, en Adamas un rien prĂ©cautionneux lors de sa premiĂšre intervention, jus-qu’à laisser supposer une curieuse inĂ©galitĂ© de l’impact vocal, le baryton laisse s’épanouir par la suite le cuivre de son timbre, composant un personnage qui n’a rien de rassurant. » ResMusica – 28 juin 2005 – Torpeur persistante d’une belle endormie En clĂŽture de sa saison, l’OpĂ©ra du Rhin offrait Ă  Emmanuelle HaĂŻm le soin de conduire sa » version des BorĂ©ades, opĂ©ra du dernier Rameau, lequel dĂ©cĂ©da pendant les rĂ©pĂ©titions 1764. Depuis, la version au disque Erato signĂ©e John Eliot Gardiner qui a créé l’Ɠuvre dans sa version scĂ©nique en 1982 au Festival d’Aix-en-Provence, puis rĂ©cemment, la lecture de William Christie prĂ©sentĂ©e Ă  l’OpĂ©ra Garnier lire la chronique de notre collaborateur Bruno Serrou et fixĂ© en DVD par Opus Arte lire la chronique de notre collaborateur Olivier Brunel, l’Ɠuvre dispose d’ambassadeurs plus que recommandables, et grĂące Ă  eux, les mĂ©lomanes, ramistes ou non, peuvent Ă  loisir entendre et rĂ©entendre des propositions de rĂ©fĂ©rence. Difficile de paraĂźtre aprĂšs les Baroqueux de la premiĂšre heure et du premier crĂ». Continuiste chez Christie, la disciple HaĂŻm a donc fait ses armes, fondĂ© son propre ensemble, le concert d’AstrĂ©e, et constituĂ© dĂ©jĂ  une discographie remarquĂ©e dont un Orfeo de Monteverdi, qui a suscitĂ© autant de fervents que de dĂ©tracteurs Emi. Etait-ce la chaleur Ă©touffante dans la salle de l’opĂ©ra de Strasbourg, ou bien le propre des premiĂšres premiĂšre date strasbourgeoise des BorĂ©ades ? Visiblement peu Ă©loquente et surtout enlisĂ©e dans la minutie des dĂ©tails, Emmanuelle HaĂŻm, pourtant gĂ©nĂ©reuse en gestes, aura donnĂ© un Rameau plus lisse qu’audacieux, Ă  peine contrastĂ©, visiblement lui aussi amolli, rythmiquement systĂ©matique, court, assĂ©chĂ© presque linĂ©aire, bien peu imaginatif. A quelques rares exceptions prĂšs, la directrice du Concert d’AstrĂ©e est restĂ©e Ă  l’extĂ©rieur de l’Ɠuvre, esquissant sommairement ce qui demeure un opĂ©ra de la libertĂ©, de la Nature et surtout des climats. Tout au long de la performance, on a souhaitĂ© que le vent de BorĂ©e, dieu du vent du nord !, souffle une bonne fois pour toute sur l’assemblĂ©e des interprĂštes afin qu’ils se ressaisissent enfin attente insatisfaite, vaine espĂ©rance. Vocalement, on retrouvait Paul Agnew qui fit dans le mĂȘme rĂŽle les beaux soirs de Garnier, autoritĂ© musicale et dramatique, articulation intelligible, suavitĂ© mĂąle du timbre le tĂ©nor anglais donne d’Abaris, une figure juste du hĂ©ros mortel prĂȘt Ă  vaincre tous les dĂ©fis au nom de l’amour. A ses cĂŽtĂ©s, l’Apollon/Adamas du Bordelais Thomas DoliĂ© belle prestance, claire et racĂ©e et le BorĂ©e d’Andrew Forster Williams dieu ridicule et impuissant Ă  conduire ses Ă©quipĂ©es diaboliques maintenaient le niveau. Le reste de la distribution suscite plus de rĂ©serves Alphise prĂ©sence scĂ©nique de la norvĂ©gienne Anne Lise Sollied mais quelles dĂ©faillances techniques !, les fils de BorĂ©e dont le tĂ©nor Eric Laporte, aux aigus plus qu’incertains et Ă©tranglĂ©s, Ă©tait insuffisant, ralentissaient l’action. La mise en scĂšne de Laurent Laffargue sans vraiment convaincre comportait quelques effets dramatiques percutants, tel Abaris en Pierrot triste. Mais lĂ  encore, la lecture manquait singuliĂšrement de souffle et d’incarnation. Les BorĂ©ades est un opĂ©ra climatique, dont la dĂ©mesure en particulier l’audace rĂ©volutionnaire de la partition est en rapport avec les Ă©lĂ©ments convoquĂ©s. Ici, les BorĂ©ades sont les fils de BorĂ©e lequel appartenant Ă  la race des Titans, peut soumettre la Nature Ă  ses caprices haineux et barbares. Nous sommes donc en prĂ©sence des forces originelles indomptables, ce que la partition orchestrale suggĂšre avec clartĂ© et invention. Mais alors pourquoi rĂ©duire, et mĂȘme rĂ©trĂ©cir le propos dans un boĂźte style Magic Circus, oĂč Alphise est montrĂ©e, dĂ©voilĂ©e comme un animal de foire, un fĂ©lin en cage, proie de supplices infernaux qui paraissent ainsi bien douceĂątres ? Le narratif et l’anecdotique nuisent Ă  la portĂ©e cosmique de l’Ɠuvre. Pourtant, le tableau oĂč BorĂ©e ailĂ© commande en bĂ©quilles Ă  ses armĂ©es de chauves-souris reste le tableau le plus rĂ©ussi. C’est bien peu somme toute
 MĂȘme Ă  l’évocation des tortures infligĂ©es Ă  la belle et digne Alphise, on cherchait en vain dans l’orchestre, la stridence aigre des bois, diaboliques et cyniques, Ă©chos infĂąmes des sauvages BorĂ©ades. Spectacle en demi-teintes donc, oĂč sous la chaleur suffocante, les interprĂštes, l’orchestre, surtout le chef, Emmanuel HaĂŻm, ont adoptĂ© d’un bout Ă  l’autre de la soirĂ©e la torpeur d’une belle endormie. » Altamusica – 18 juin 2005 – Des BorĂ©ades victimes de vents contraires Victime de la censure pour avoir osĂ© vĂ©hiculer des idĂ©aux prĂ©rĂ©volutionnaires, les BorĂ©ades est avant tout un opĂ©ra spĂ©culaire, derniĂšre tragĂ©die lyrique possible, tant Louis de Cahusac, auteur plus que prĂ©sumĂ© du livret, y rĂ©vĂšle les rouages d’un genre moribond en intĂ©grant les divertissements, prĂ©sentĂ©s en tant que tels et non plus comme Ă©manations du merveilleux, jusqu’à leur nĂ©cessitĂ© dramatique mĂȘme. Tournant le dos au manichĂ©isme glacĂ© de Robert Carsen et Ă  l’esthĂ©tisation sans vigueur de Laurent Pelly, Laurent Laffargue rĂ©investit le merveilleux par les enchantements du cirque, habile mise en abyme d’une cour vouĂ©e Ă  la reprĂ©sentation oĂč l’on n’hĂ©site pas Ă  manier le fouet pour imposer ses dĂ©sirs. Mais un tel cadre, lorgnant trop futilement vers les plaisirs canailles de la Vie Parisienne, couronnĂ©s par l’improbable cancan de la contredanse finale, contraint la tragĂ©die Ă  un sentimentalisme qui refuse Ă  Alphise et Abaris, condamnĂ©s Ă  n’ĂȘtre que l’auguste et le clown blanc d’une mascarade colorĂ©e, la noblesse du renoncement et l’exemplaritĂ© du rite initiatique, comme une incapacitĂ© Ă  traduire la symbolique de la fable. De ce qui n’est plus qu’une succession de numĂ©ros oĂč le spectaculaire s’exprime parfois avec paresse, la danse ne peut que sortir victorieuse, dĂšs lors que la chorĂ©graphie d’Andonis Foniadakis meut des corps acrobatiques et flexibles, particuliĂšrement signifiants dans la chasse Ă  l’homme initiale et l’enlĂšvement d’Orithie, avec d’autant plus de mĂ©rite qu’Emmanuelle HaĂŻm n’imprime Ă  ses rythmes ni fantaisie ni carrure. Cette amoureuse de la courbe vocale italienne reste sans pouvoir devant un Concert d’AstrĂ©e sans couleur ni conduite, escamotant la moindre difficultĂ©, Ă  l’image d’un chƓur aux attaques plus qu’incertaines. Et comme une marque de fabrique, quelques extrapolations liberty ne peuvent que dĂ©figurer une ligne ramiste qui se suffit Ă  elle-mĂȘme, notamment dans les vocalises paroxystiques d’un horizon serein. Apathique, la basse continue n’est de surcroĂźt d’aucun soutien Ă  des chanteurs qui, dans leur plus grande majoritĂ©, ne maĂźtrisent pas les subtilitĂ©s de la dĂ©clamation lyrique. MalgrĂ© les lumineuses rondeurs du timbre, Anne Lise Sollied ne trouve en Alphise que les obstacles de la langue et de la tessiture, esquissant Ă  peine l’expression. Des frĂšres borĂ©ades, Nicolas Cavallier et Eric Laporte ne donnent qu’une piĂštre image, le premier en BorilĂ©e vieux beau, maugrĂ©ant des ports de voix systĂ©matiques, le second se dĂ©battant d’une voix ingrate avec la tessiture, l’émission mĂȘme, de Calisis. Mais Andrew Foster Williams offre avec panache un BorĂ©e un rien gĂ©nĂ©rique. Et s’il les chante avec goĂ»t et sĂ»retĂ©, Thomas DoliĂ© n’a pas encore l’aura d’un Adamas, qui plus est d’un Apollon. Lumineux combattant des vents, Paul Agnew demeure seul serviteur digne et inspirĂ© de Rameau. Avec moins d’insolente fluiditĂ© qu’à Paris et Lyon, le tĂ©nor britannique aborde Abaris dans une perspective plus hĂ©roĂŻque, en conservant les accents les plus suaves, la vocalise la plus dĂ©liĂ©e, et surtout cet art du dire sculptural qui confĂšre Ă  chacune de ses incursions dans la TragĂ©die lyrique une captivante profondeur. MalgrĂ© cette incarnation majeure et l’incontestable force de la chorĂ©graphie, on n’a pu s’empĂȘcher, en sortant de la Filature, de penser que le silence aussi inacceptable soit-il, imposĂ© aux BorĂ©ades durant plus de deux cents ans, avait prĂ©servĂ© l’ultime chef-d’Ɠuvre du maĂźtre dijonnais d’une plus prĂ©judiciable mĂ©diocritĂ©. » OpĂ©ra de ZĂŒrich – Festspiele – 12, 16, 19, 23, 25, 30 juin, 2 juillet 2004 – coproduction avec OpĂ©ra de Lyon – Choeur et Orchestre La Scintilla de l’OpĂ©ra de Zurich – dir. Marc Minkowski – Junior Ballett de l’OpĂ©ra de Zurich – mise en scĂšne Laurent Pelly – chorĂ©graphie Laura Scozzi – avec Annick Massis Alphise, Richard Croft Abaris, Tom Allen Calisis, Gabriel Bermudez BorilĂ©e, Jean-SĂ©bastien Bou Adamas/Apollon, Elena Mosuc SĂ©mire/la Nymphe, François Lis BorĂ©e, Martina Jankova Polymnie/l’Amour ConcertoNet – 12 juin 2004 AprĂšs Lyon, Les BorĂ©ades de Marc Minkowski et Laurent Pelly soufflent dĂ©sormais sur ZĂŒrich, dans une distribution entiĂšrement diffĂ©rente, Ă  l’exception de Tom Allen et de François Lis. Les deux chanteurs renouvellent leur succĂšs lyonnais, le premier sĂ©duisant par sa parfaite maĂźtrise technique et le second par ses graves particuliĂšrement sonores. Parmi les nouveaux venus, il convient de citer en premier lieu Richard Croft, qui incarne un Abaris proche de l’idĂ©al. On admire la facilitĂ© avec laquelle il se dĂ©joue des aigus, sa diction parfaitement claire ainsi que sa palette infinie de couleurs et de nuances. ScĂ©niquement, il campe un amoureux vaillant, face auquel les deux fils de BorĂ©e n’ont plus qu’à s’incliner. Jean-SĂ©bastien Bou confĂšre beaucoup de noblesse au rĂŽle d’Adamas, alors que Gabriel Bermudez nous offre un BorilĂ©e un peu trop uniforme sur le plan vocal. La grande dĂ©ception de la soirĂ©e tient Ă  la prestation d’Annick Massis, qui laisse une impression fort mitigĂ©e, malgrĂ© d’indĂ©niables qualitĂ©s. SpĂ©cialiste du bel canto, elle est particuliĂšrement Ă  son aise dans les vocalises et les ornementations, mais pour le reste sa voix a Ă©trangement peu de projection et semble souvent tendue et corsetĂ©e, ne parvenant qu’en toute fin de spectacle Ă  s’épanouir vraiment. Et scĂ©niquement, sa reine apparaĂźt quelque peu terne. Si Elena Mosuc est Ă  contre-emploi dans ce rĂ©pertoire, Martina Jankova nous offre en revanche quelques-uns des plus passages de tout l’opĂ©ra. S’il a dĂ©jĂ  travaillĂ© sous la direction de chefs tels qu’Harnoncourt, Christie et Minkowski, l’ensemble La Scintilla, fondĂ© en 1998 et composĂ© d’instrumentistes baroques de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Zurich, n’a pas encore? la routine des formations confirmĂ©es du rĂ©pertoire ancien. Un manque d’expĂ©rience qui est malheureusement mis en Ă©vidence par les tempi particuliĂšrement rapides choisis par Marc Minkowski. MalgrĂ© ces quelques rĂ©serves, une premiĂšre suisse bienvenue, et chaleureusement accueillie par le public. » OpĂ©ra de Lyon – 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21 mai 2004 – Les Musiciens du Louvre – Grenoble – Orchestre et Choeurs de l’OpĂ©ra de Lyon dir. Marc Minkowski – mise en scĂšne et costumes Laurent Pelly – dramaturgie et Agathe MĂ©linand – dĂ©cors Chantal Thomas – lumiĂšres JoĂ«l Adam – chorĂ©graphie Lionel Hoche – vidĂ©o Charles Carcopino – chef des choeurs Alan Woodbridge – avec Mireille Delunsch Alphise, Paul Agnew Abaris, Tom Allen Calisis, Marcel Boone BorilĂ©e, StĂ©phane Degout Adamas, Magali LĂ©ger SĂ©mire, Nymphe, François Lis BorĂ©e, Thomas DoliĂ© Apollon, Malia Bendi Merad Polymnie, L’Amour Crescendo – Ă©tĂ© 2004 – 9 mai 2004 A Lyon, l’ultime partition des quatre-vingts ans d’un crĂ©ateur alliant jouvence et suprĂȘme sagesse, ces BorĂ©ades ressuscitĂ©es au terme d’un sommeil de bien plus de deux siĂšcles elles n’avaient jamais Ă©tĂ© donnĂ©es auparavant! et qui, justice tardive, sont en passe de prendre place au vrai rĂ©pertoire lyrique. Le travail Ă©ditorial exemplaire d’Alain Villain Editions Stil nous a gratifiĂ©s depuis peu d’une partition de poche vendue au prix incroyable de 25 €, et qui est une merveille de goĂ»t et d’élĂ©gance dont il ne faut surtout pas se priver. CritiquĂ©e par certains de mes confrĂšres, la mise en scĂšne de Laurent Pelly me paraĂźt exemplaire, renonçant Ă  tout dĂ©cor rĂ©aliste au profit de deux grands panneaux incurvĂ©s mobiles, dont les lentes Ă©volutions tissent un admirable contrepoint visuel aux mouvements plus vifs bien que toujours discrets, ceci n’est pas un ballet des danseurs. Au dernier Acte, les panneaux disparaissent, un immense Ă©ventail circulaire sert tout Ă  tour d’appareil de torture pour la malheureuse Alphise dont le persĂ©cuteur BorĂ©e est le dieu des vents du Nord, ne l’oublions pas!, puis de vrai Ă©ventail Ă  pales, avant de se transformer pour l’allĂšgre conclusion l’oeuvre se termine par un impĂ©tueux galop en roue foraine de la fortune. Le jeu des acteurs s’inspire largement des pratiques d’époque, avec le rĂŽle capital dĂ©volu aux mouvements de bras. D’une distribution dans l’ensemble excellente, dominĂ©e Ă  mon grĂ© par le si Ă©mouvant Abaris de Paul Agnew sa sublime plainte au dĂ©but du quatriĂšme acte, “Lieux dĂ©solĂ©s”, arrache les larmes ! je ne retire qu’une grave dĂ©ception Ă  trop chanter Strauss et Wagner, qui ne sont pas faits pour sa voix, celle de Mireille Delunsch Alphise s’est durcie et raidie, perdant beaucoup de son Ă©lĂ©gance, de sa souplesse et de son charme. Est-ce irrĂ©mĂ©diable? Excellente dans l’ensemble, la direction de Marc Minkowski m’inspire la petite rĂ©serve d’une rythmique pas assez acĂ©rĂ©e, un peu trop vague, dans l’extraordinaire dĂ©but du cinquiĂšme Acte dont le prĂ©monitoire “stravinskisme” s’en trouve gommĂ©. Il se rattrape, et au-delĂ , dans la sublime “Danse des Heures” du quatriĂšme Acte, d’une ample sĂ©rĂ©nitĂ© Ă  pleurer de bonheur, Ă©galant les inspirations les plus Ă©levĂ©es de Bach c’est la musique que j’aimerais Ă©couter au moment du grand dĂ©part
, et que par une simple interversion car il n’y a aucune coupure on a enchaĂźnĂ©e directement au non moins admirable et consanguin choeur “Parcourez la terre”. Qui a osĂ© dire que Rameau Ă©tait un tempĂ©rament froid? Si c’est vrai, il avait acquis Ă  l’avance le secret de Berlioz “il faut tĂącher de faire froidement des choses brĂ»lantes”!
 » Classica – juillet/aoĂ»t – 9 mai 2004 Des BorĂ©ades signĂ©s Ă  Lyon Pelly et Minkowski, on attendait plus, pour suivre en fait la voie tracĂ©e par un PlatĂ©e au dĂ©lire communicatif. Manque de temps, ou de sympathie pour le sujet, qui dans son tragique dessin, s’avĂšre si loin des comĂ©dies qui font sa gloire, Laurent Pelly n’a offert du tout dernier Rameau qu’un spectacle neutre, sans unitĂ©, sans analyse presque, rendant plus prĂ©cieuse encore la somme des partis affichĂ©s naguĂšre par Carsen Ă  Gamier. Le handicap ici d’un dĂ©cor simple de grands panneaux nus et cintrĂ©s pouvant accueillir n’importe quelle tragĂ©die sans Ăąme, puis chahutĂ© par la tempĂȘte, enfin gĂȘnant par son trop de prĂ©sence inutilisĂ©e une turbine gĂ©ante absurde fait osciller l’action entre vide et trop plein, sans qu’une direction d’acteurs investie vienne peupler ces lieux. D’autant qu’à part Paul Agnew, dĂ©cidĂ©ment excellent Abaris, et StĂ©phane Degout jouant bien de son grave en Adamas, la distribution laisse sur sa faim, Mireille Delunsch ne rayonnant vraiment point en Alphise, dont l’esprit lui reste Ă©tranger. Et si Marc Minkowski sait animer la phrase et le drame avec l’acuitĂ© et la verve qu’on sait, c’est parfois au dĂ©triment d’un dĂ©tail instrumental fragilisĂ© ces cuivres dĂ©faillants !. Le tout laissait donc l’impression d’un spectacle inabouti. » Le Monde de la Musique – juillet/aoĂ»t 2004 
pour Les BorĂ©ades, Ă  Lyon, Marc Minkowski s’entoure de nouveaux venus. StĂ©phane Degout, hier BorilĂ©e chez Christie, incarne un hiĂ©ratique Adamas et confirme son talent. Grande dĂ©couverte, François Lis offre Ă  BorĂ©e une envergure dramatique et une diction remarquables un chanteur Ă  suivre. Le Calisis tendu mais insolent de Tom Allen et le BorilĂ©e hargneux de Marcel Bonne sont aussi des rĂ©vĂ©lations. Quant Ă  Paul Agnew, dĂ©jĂ  Abaris dans la production de l’opĂ©ra de Paris, il confirme son intelligence du rĂŽle et son Ă©lĂ©gance suprĂȘme dans le registre Ă©lĂ©giaque. Les BorĂ©ades n’appellent pas le mĂȘme dĂ©luge d’images que Les Paladins. C’est dans l’ñme et le coeur des personnages que se joue le théùtre. Laurent Pelly, cataloguĂ© maĂźtre de l’inventivitĂ©, a choisi la sobriĂ©tĂ©. Le premier acte peine en effet Ă  s’animer. Le cinquiĂšme acte se distingue en revanche par une belle idĂ©e aussi scĂ©nique que dramatique l’immense ventilateur qui accompagne l’inflexible BorĂ©e bascule pour se transformer en prison dans laquelle le dieu du vent septentrional retient la reine Alphise. Le metteur en scĂšne nous gĂąte cependant moins qu’à l’accoutumĂ©e. La musique rachĂšte-t-elle cette panne momentanĂ©e d’inspiration? Pas sĂ»r. La chorĂ©graphie banale de Lionel Hoche, la voix fatiguĂ©e et mĂ©tallique de Mireille Delunsch, le manque de cohĂ©sion de l’orchestre signifient la redoutable difficultĂ© de cette partition. Mais Paul Agnew confirme son intelligence du rĂŽle et son Ă©lĂ©gance suprĂȘme dans le registre Ă©lĂ©giaque, et Marc Minkowski n’a pas son pareil pour dĂ©chaĂźner les Ă©lĂ©ments. » Diapason – juillet/aoĂ»t 2004 – La boĂźte de Pandore Rameau n’a jamais vu ses BorĂ©ades ? Nous non plus. Un an aprĂšs le livre d’images reliĂ© par Robert Carsen, flattĂ© en son hĂ©donisme par le DVD, le brouillon lyonnais abandonnĂ© par Laurent Pelly Ă  Marc Minkowski semble aussi peu sensible aux enjeux de l’oeuvre. Et se rĂ©vĂšle, ce qui n’était assurĂ©ment pas le cas Ă  Garnier, maladroit dans la rĂ©alisation. Rien Ă  voir avec l’effervescence millimĂ©trĂ©e de la triomphale PlatĂ©e ou, tout rĂ©cemment, du doublĂ© Gianni Schicchi -L’Heure espagnole. On mettra nĂ©anmoins au crĂ©dit de cette mise en scĂšne le souci d’incarner et non d’orner le draine, de chercher dans le spectacle des vents , plus qu’un dĂ©cor pittoresque, l’expression de pulsions essentielles ; Paul Agnew approfondit dĂšs lors un Abaris beaucoup plus complexe qu’avec Christie, aussi tendre mais charismatique, porteur d’une Ă©motion qui ne risque plus la miĂšvrerie quitte Ă  barytonner, dangereusement. HĂ©las !, le vocabulaire du drame Ă©chappe encore Ă  Pelly, l’autoritĂ© de la posture, la concentration du geste, la force du tableau. Autour d’immenses parois courbes coulissantes qui modĂšlent l’espace sans parvenir Ă  y imposer aucune ambiance la faute aux lumiĂšres, peu flatteuses ?, les personnages s’agitent comme des feuilles sous la tempĂȘte, sortent de scĂšne, rentrent, ressortent sans cesse
 et la faiblesse du vocabulaire menace l’architecture. Il faut dire que celle des BorĂ©ades est singuliĂšre Ă  l’alternance rĂ©cit/divertissement, elle ajoute un grand geste l’action se concentre au tout dĂ©but, pour ne revenir qu’à l’acte IV, dans une accĂ©lĂ©ration grisante. Pelly le nĂ©glige, traitant les divertissements avec la mĂȘme Ă©paisseur de trait que le rĂ©cit, les embourbant l’un comme l’autre. Mais qu’aurait-il pu en faire avec des chorĂ©graphies sourdes, des projections vidĂ©o Ă©conomes, des dĂ©cors aussi peu suggestifs et encore plus laids aprĂšs la tempĂȘte en guise de lieux dĂ©solĂ©s », on nous ressort l’effet dĂ©cor dĂ©truit de PlatĂ©e et d’Ariane Ă  Naxos? La progression de l’intrigue est Ă©galement plombĂ©e par des caricatures. Ici Barbie-princesse-tĂȘte-Ă -claques-sous-sa-couronne-en-carton-argentĂ©e Mireille Delunsch, uniformĂ©ment vĂ©hĂ©mente, Ă©trangĂšre Ă  la nature mĂ©lancolique d’Alphise. LĂ  un BorilĂ©e patibulaire, tout droit sorti de Flash Gordon Marcel Boone, insignifiant, et un Calisis-serpent Tom Allen, qui a le mĂ©rite d’assumer jusqu’au bout cet emploi cruel tous deux assĂšnent dĂšs leur entrĂ©e la perversitĂ© que l’on devrait seulement craindre. Cerise sur le gĂąteau la tunique et la barbe blanche de Merlin l’enchanteur pour Adamas mais l’adĂ©quation vocale de StĂ©phane Degout au rĂŽle est un Ă©blouissement. Second degrĂ© un peu lourd ? Ou gadget pour meubler et contourner l’obstacle, comme la gigantesque hĂ©lice du V, ustensile climatique du repaire de BorĂ©e l’impressionnant François Lis? On ne se console pas tout Ă  fait en fermant les yeux. Car si le mĂ©lange des Musiciens du Louvre et de ceux de l’OpĂ©ra de Lyon prend assez bien, on regrette que le souci des grandes directions s’exerce parfois au dĂ©triment du dĂ©tail notamment cĂŽtĂ© violons, au prix de couleurs un peu criantes et de nuances schĂ©matiques. Opposera-t-on alors, c’est presque un lieu commun, Christie le styliste et Minkowski le chef d’opĂ©ra? Ce serait un peu facile. Prenez les contrebasses. Celles de Minkowski simplifient la ligne afin de jouer Ă  l’octave la plus grave possible, d’élargir au maximum le spectre. Un FurtwĂ€ngler qui s’est trompĂ© d’adresse ? Non, la stricte illustration de la mĂ©thode de contrebasse de Corrette 1773 ; l’acoustique de l’OpĂ©ra de Lyon est mĂ©tamorphosĂ©e par cette impressionnante caisse de rĂ©sonance» dont les dessus ne profitent pas, hĂ©las !, pour aĂ©rer, varier le trait. Les contrebasses de Christie jouent Rameau
 comme Mozart, Haendel toutes les notes, superbement articulĂ©es, Ă©chos des violoncelles et non soubassement de l’édifice. Alors, opposons plutĂŽt l’aĂźnĂ© qui s’en tient Ă  ce qu’il sait faire, et l’intrĂ©pide ouvrant une boite de Pandore qui parfois l’engloutit. » OpĂ©ra International – juin 2004 Pour avoir rĂ©ussi une magnifique PlatĂ©e, Laurent Pelly le sait Rameau Ă©tait un extraordinaire concepteur dont la pensĂ©e systĂ©matique prĂ©cĂ©dait l’acte compositionnel. Aussi, toute production ramiste doit-elle ĂȘtre fondĂ©e sur une idĂ©e-force. Comme celle qui prĂ©side Ă  Vertigo de Hitchcock ce film repose sur une abstraite et vertigineuse cage d’escalier, l’idĂ©e-force Ă©laborĂ©e par Laurent Pelly consiste en une giration elliptique, en Ă©cho Ă  la circulation des nĂ©bulositĂ©s dans les cieux glaciaires hyper-borĂ©aux. AprĂšs, il faut donner une vie scĂ©nique Ă  ce prĂ©supposĂ©. Le dĂ©cor se compose de deux Ă©lĂ©ments un sol qu’animent, çà et lĂ , des tapis roulants, dont le spectateur ne peut prĂ©voir la giration ; et des hauts murs incurvĂ©s en quart de cercle et dont la mobilitĂ©, quasi chorĂ©graphique, est assurĂ©e par les dits tapis roulants ou par des chanteurs. Ouant Ă  la danse, passionnante au cinquiĂšme acte, elle consiste en des variations autour du cercle, plus ou moins dĂ©centrĂ©. ProfondĂ©ment pensĂ©s, le systĂšme de Pelly et celui de Rameau peinent cependant Ă  se rencontrer. L’appareil scĂ©nographique empĂȘche l’oeuvre de se dĂ©ployer trop massif, il ne laisse aux acteurs qu’un espace de jeu rĂ©trĂ©ci et prĂ©visible. Comme bon nombre d’oeuvres tardives par exemple Parsifal, le droit fil dramatique des BorĂ©ades n’est pas unitaire on y trouve une stratification et un entrelacs de composants hĂ©tĂ©rogĂšnes ; et c’est cet agencement que Laurent Pelly, embarrassĂ© par son propre Ă©difice dramaturgique, ne laisse pas percevoir. De mĂȘme, il a oubliĂ© que, chez Rameau, les personnages passent leur temps Ă  transgresser, par l’expression de leur dĂ©sir, le carcan systĂ©matique que le compositeur leur assigne ; dans Les BorĂ©ades, le solaire et le charnel italiens contestent la prison borĂ©ale oĂč ils sont enclos. C’est tout ce qu’une direction d’acteurs trop distanciĂ©e et monolithique n’a pas su faire surgir les personnages de Calisis, BorilĂ©e et BorĂ©e en sont mĂȘme rĂ©duits Ă  des façades uniformĂ©ment noires et nullement pathĂ©tiques. Dans une partition, il est vrai, fort virtuose et miraculeusement colorĂ©e, l’orchestre, Ă©tonnamment hĂ©tĂ©rogĂšne, a Ă©tĂ© souvent pris en dĂ©faut Ă  cĂŽtĂ© de l’excellence notamment cors, bassons et clarinettes, on s’étonne d’entendre ici des flĂ»tes traversiĂšres indignes, des cordes aiguĂ«s peu souvent justes et homogĂšnes, et des basses d’archets trop uniformĂ©ment ronflantes et non articulĂ©es. Meilleur Ă©lĂ©ment de la soirĂ©e, PauI Agnew, qui cherche manifestement Ă  Ă©largir sa voix, est la charpente de la distribution vocale et continue Ă  ĂȘtre un ample et gĂ©nĂ©reux Abaris. En Adamas, StĂ©phane Degout se tire bien d’un rĂŽle situĂ© dans la partie grave de sa voix. Sans contester les talents dramatiques de Mireille Delunsch, nous persistons Ă  croire qu’Alphise doit revenir Ă  une nature vocale et scĂ©nique plus extravertie et plus sensuelle. Essentiellement attentif Ă  l’arc dramatique de ouvrage, Marc Minkowski magnifie l’accompagnement des rĂ©cits et l’écriture chorale tissant des liens avec les motets que Rameau composa dans sa jeunesse, il donne au choeur une stature de vĂ©ritable personnage. » Sitartmag – L’opĂ©ra des vents La reine Alphise ne doit Ă©pouser qu’un descendant de BorĂ©e, dieu des vents du nord. Deux prĂ©tendants se disputent ses faveurs, alors qu’elle n’aime que l’étranger Abaris, pour qui elle serait prĂȘte Ă  renoncer au trĂŽne. Mais ni son peuple, qui la supplie de rester, ni BorĂ©e, qui furieux, l’enlĂšve, dĂ©chaĂźne ses vents et la menace d’un esclavage Ă©ternel, ne l’entendent ainsi. Tous ignorent qu’Abaris est le fils d’Apollon et d’une nymphe du mĂȘme sang que BorĂ©e. Ce n’est que par son courage et son amour qu’il se montrera digne de sa naissance, et de la main d’Alphise. On se rĂ©jouit que l’OpĂ©ra de Lyon invite Minkowski et les Musiciens du Louvre pour interprĂ©ter cette Ɠuvre . L’orchestre est nerveux, frissonnant. Les vents et bois sont remarquables prĂ©cis, nuancĂ©s, expressifs. Le chef leur a donnĂ© lĂ  l’un des principaux rĂŽles du spectacle. On pourrait presque dire que le beau plateau de chanteurs, rĂŽdĂ©s au baroque, accompagne les instrumentistes, tant la prĂ©sence et la qualitĂ© de l’orchestre sont affirmĂ©es. Mireille Delunsch Alphise a un timbre d’une grande beautĂ© et une superbe technique, captivante quand elle est seule en scĂšne un horizon serein
tout Ă  coup le vent gronde». On retrouve Magali LĂ©ger, toujours charmante, en suivante de la reine. Abaris Paul Agnew est impeccable vocalement, avec un petit cĂŽtĂ© StĂ©phane Bern qui lui ĂŽte du sĂ©rieux ; ce n’est pas Ă  regretter, il aurait l’air trop sage sinon. Les deux prĂ©tendants seraient parfaits s’ils n’étaient desservis par une mise en scĂšne hĂ©sitante, oĂč ils n’apparaissent ni vraiment comiques, ni vraiment inquiĂ©tants. Les BorĂ©ades, comme il se devait Ă  l’époque de Rameau, comporte son lot d’invocations aux dieux, d’évocations des Ă©lĂ©ments, et d’intermĂšdes dansĂ©s. Donc, c’est un peu long, et une mise en scĂšne peu inspirĂ©e n’essaie pas de nous le faire oublier. De beaux costumes, dans les tons vert d’eau, violine et bleu, sont affadis par un dĂ©cor trop nu et uniforme – dallage gris blanc genre vieux hall de banque, grands panneaux gris bleu , qui noient les couleurs. Ajoutons un Ă©clairage imprĂ©cis, dĂ©libĂ©rĂ©ment bleuĂątre ou blanchĂątre, et l’on se croirait plutĂŽt au royaume des Ondines. Dans l’antre de BorĂ©e, un ventilateur gĂ©ant fait craindre que la malheureuse Alphise se disperse Ă  tous les vents, mais ouf, elle en sort aprĂšs une manƓuvre laborieuse. On a choisi d’éliminer la profusion du baroque, mais sans compensation. Ce n’est pas en rentabilisant le plateau tournant bruyant, en plus qu’on la remplace. Les ballets sont sans Ă©clat, dans une chorĂ©graphie brouillonne. Magali LĂ©ger, quand elle y prend part, a plus de grĂące que les danseuses. II y a cependant des moments de rĂȘve, comme cette pose au ralenti d’Abaris brandissant la flĂšche enchantĂ©e. Dommage que ces moments restent occasionnels, alors que les musiciens seraient mieux soutenus par une mise en scĂšne plus dynamique. » Res Musica – Vents, debout ! Vents, arriĂšre ! – 17 mai 2004 Lorsqu’en 1982, John Eliot Gardiner — louĂ© soit-il — exhume la partition des BorĂ©ades mĂ©morable crĂ©ation au festival d’Aix, le public, stupĂ©fait et ravi, dĂ©couvre enfin Ă  la scĂšne l’un des chefs-d’Ɠuvre le dernier de Jean-Philippe Rameau. Et rappelons, pour mĂ©moire, que c’est l’OpĂ©ra de Lyon, dĂ©jĂ , en coproduction, qui prĂ©sentait Ă  son tour la piĂšce, l’annĂ©e suivante, avec la mĂȘme distribution qu’à Aix et les mĂȘmes artisans-directeurs Gardiner et Martinoty. Depuis, Les BorĂ©ades ont gagnĂ©, entre autres, Salzbourg en 1999, avec Rattle et l’orchestre of the Age of Enligthtenment et — enfin — Paris-Garnier, l’an dernier William Christie / Robert Carsen. AprĂšs les retentissants succĂšs de PlatĂ©e et de Dardanus, en particulier, on pensait bien que Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre-Grenoble allaient nous donner leur » version des BorĂ©ades. Et ce n’est sans doute pas tout Ă  fait un hasard si, pour ce faire, associĂ©s Ă  l’orchestre et aux chƓurs de l’OpĂ©ra de Lyon, ils ont choisi cette ville oĂč ils se trouvent en pays de connaissance » et oĂč le retour Ă  l’affiche de cette piĂšce prend, Ă  quelques mois prĂšs, valeur de vingtiĂšme anniversaire. Tablant sur le principe de l’équipe-qui-a-fait-ses-preuves, la production rĂ©unit donc les trois complices de PlatĂ©e, OrphĂ©e aux Enfers, La Belle HĂ©lĂšne, Les Contes d’Hoffmann Minkowski Ă  la direction musicale, Laurent Pelly Ă  la mise en scĂšne, Chantal Thomas aux dĂ©cors. Disons-le Ă  quelques dĂ©tails prĂšs, il s’agit bien, une fois de plus, d’une Ă©quipe brillamment gagnante
 L’argument des BorĂ©ades, puisant dans un fond philosophico-mythologique est le suivant Alphise, reine de Bactriane, doit pour continuer Ă  rĂ©gner, Ă©pouser l’un des princes borĂ©ades fils de BorĂ©e Calisis ou BorilĂ©e. Or elle est Ă©prise d’Abaris et rĂ©ciproquement, un mortel » qui ignore le secret de sa naissance, fruit des amours d’Apollon et d’une nymphe borĂ©ade. ElevĂ© par le Grand-PrĂȘtre d’Apollon, Adamas, il est donc lui-mĂȘme de haute lignĂ©e, descendant de BorĂ©e. AprĂšs bien des pĂ©ripĂ©ties oĂč Alphise se pose en hĂ©roĂŻne quasi racinienne elle choisit l’amour plutĂŽt que le pouvoir, oĂč intervient le merveilleux toute puissance des dieux, maĂźtres des ElĂ©ments, pouvoir magique d’une flĂšche venue d’Eros
, et au cours desquelles les deux amants connaissent des retournements de situation qui les font passer tour Ă  tour du plus profond dĂ©sespoir aux plus folles espĂ©rances, nos hĂ©ros, tels les Tamino et Pamina de La FlĂ»te Ă  l’issue de leur parcours initiatique, seront admis Ă  Ă©pousailles au son d’une derniĂšre et festive contredanse. Qu’il s’agisse des princes borĂ©ades scĂšne 4 de l’acte III Vents furieux, tyrans des airs / hĂątez-vous, brisez vos chaĂźnes ! » ou de BorĂ©e lui-mĂȘme impressionnant François Lis, composant une sorte d’Attila des nuĂ©es faisant donner l’aquilonesque artillerie au dĂ©but de l’acte V Volez, troublez les airs et ravagez la terre ! », ou encore d’Abaris, enfin renseignĂ© sur ses origines et usant de ses nouveaux pouvoirs vents orageux, rentrez dans vos antres profonds !
 », c’est en termes de navigation — le pluriel et la virgule en plus — que peut finalement se traduire la commande du ressort dramatique de l’action. La mise en scĂšne de Laurent Pelly — et les dĂ©cors de Chantal Thomas — jouent beaucoup sur la mobilitĂ©. IndĂ©pendamment des divertissements dansĂ©s sans rĂ©elle audace, mais de bon goĂ»t, parfaitement au point et jamais redondants par rapport Ă  la musique, les personnages demeurent rarement immobiles. Un astucieux plateau tournant favorise certains changements d’orientation ou de position ; de mĂȘme que les hauts panneaux verticaux, semi-circulaires, permettent, grĂące Ă  leur constante mobilitĂ© parfaitement silencieuse, que s’organise un jeu labyrinthique oĂč s’effectuent effacements et rencontres. Le ton dominant de ces dĂ©cors fait songer Ă  une pĂąleur d’aurore
borĂ©ale, traversĂ©e de nuages projetĂ©s par vidĂ©o ; celui des costumes — pastel — gris, vert, bleu Ă©vite le manichĂ©en noir/blanc si controversĂ© de Robert Carsen. Mais on eĂ»t souhaitĂ©, pour le dĂ©nouement, un dĂ©cor plus souriant » et plus
 fleuri ! » Que l’amour embellit la vie
/
c’est un ruisseau dans la prairie qui serpente au milieu des fleurs. » Au chapitre des trouvailles-clin d’Ɠil, parmi les Ă©lĂ©ments de dĂ©cor le ventilateur gĂ©ant qui meuble » le repĂšre de BorĂ©e et entre les pales duquel, Alphise est mise en pĂ©nitence, en attendant pire
 Ce mĂȘme mĂ©gaventilo », une fois domptĂ©s les Ă©lĂ©ments dĂ©chaĂźnĂ©s, tournera molto tranquillo, symbolisant le retour au calme volez, zĂ©phyrs, par vos douces haleines
 ». Le plateau vocal ne mĂ©rite globalement que des Ă©loges, Ă  une lĂ©gĂšre rĂ©serve toutefois, concernant Mireille Delunsch ; car si dans sa composition d’Alphise, la beautĂ© de la voix n’est pas en cause, de mĂȘme que la parfaite tenue de ligne, la prĂ©sence physique et le scrupuleux respect de l’inflexion baroque, la nettetĂ© d’articulation n’est pas toujours Ă©vidente et l’on se surprend parfois Ă  s’aider du sur-titrage lumineux pour bien suivre son texte. Par ailleurs, l’Apollon de Thomas DoliĂ©, dont le rĂŽle est certes bien court, Ă  la fin de la piĂšce, ne s’impose ni par la mise — trop ordinaire » — Ă  son corps dĂ©fendant, ni par la voix quelque peu en retrait. Au tableau d’honneur le magnifique Abaris de Paul Agnew, dĂ©cidĂ©ment titulaire du rĂŽle, dont l’articulation exemplaire, la richesse de timbre, la sidĂ©rante aisance de tessitures, les contrastes d’intonation ne peuvent que susciter l’admiration. Marcel Boone BorilĂ©e et Tom Allen Calisis, tout particuliĂšrement, composent des princes borĂ©ades inquiĂ©tants, tourmenteurs Ă  souhait et vocalement trĂšs convaincants. Belle prestation de StĂ©phane Degout ex BorilĂ©e chez W. Christie dans le rĂŽle du Grand-PrĂȘtre Adamas, au timbre de voix sĂ©duisant, par l’ampleur et la plĂ©nitude. Les sopranos Magali LĂ©ger SĂ©mire et Malia Bendi Merad l’Amour tiennent parfaitement leur partie ; Magali Leger manifestant mĂȘme un mĂ©tier » des plus probants, tant par l’aisance vocale que la prĂ©sence en scĂšne. Marc Minkowski conduit musiciens et chanteurs avec un engagement — communicatif — de tous les instants airs, danses, fragments symphoniques se succĂšdent, gracieux, roboratifs ou dramatiques, pour le plus grand plaisir de l’auditeur-spectateur. Le symphonisme dramatique culminant, bien sĂ»r, dans cet orage tempĂ©tueux et cataclysmique renforcĂ© par les effets vidĂ©o de Charles Carcopino dĂ©clenchĂ© par les BorĂ©ades Ă©conduits et furieux. Ces musiciens-lĂ , et dans cette interprĂ©tation, n’ont pas grand-chose Ă  envier aux english baroque soloists de Gardiner pour qui les aurait encore dans l’oreille », si ce n’est certains lĂ©gers problĂšmes de justesse ainsi ces clarinettes de l’ouverture qui, en dĂ©pit d’une position surĂ©levĂ©e, sonnaient un peu bas
. Mais, globalement, tous sont Ă  fĂ©liciter. De mĂȘme que les chƓurs particuliĂšrement celui de l’Acte II, Ecoutez l’amour qui vous presse » ainsi que ceux des des actes IV et V Nuit redoutable, jour affreux ! » et le chƓur des vents souterrains remarquablement enlevĂ©s et qui rendent pleine justice Ă  la richesse harmonique de la partition. » LibĂ©ration – Rameau radieux – 11 mai 2004 Cylindres. Commande de l’OpĂ©ra de Paris, ce chant du cygne de la tragĂ©die lyrique, pĂ©tri d’inventions musicales annonçant Debussy et mĂȘme Webern, fut rĂ©pĂ©tĂ© dix-sept fois sous la houlette de Rameau, mais finalement jamais créé, suite au dĂ©cĂšs du compositeur en 1764. Il fallut attendre 1963 pour que l’ORTF en donne une exĂ©cution radiophonique, 1975 pour une deuxiĂšme exĂ©cution en concert, Ă  Londres, et 1982 pour la premiĂšre reprĂ©sentation scĂ©nique mondiale au Festival d’Aix-en-Provence, sous la baguette de John Eliot Gardiner. EditĂ©e en 1976 par Stil, la partition est dĂ©sormais disponible en format de poche, consĂ©cration pour cette oeuvre la plus profonde et mĂ©connue de Rameau. Dans la fosse, le saupoudrage des diffĂ©rents pupitres des Musiciens du Louvre-Grenoble, avec des instrumentistes de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Lyon jouant Ă©galement sur instruments baroques, fonctionne Ă  merveille. Pendant trois heures, Marc Minkowski insuffle de la tendresse aux plus sautillantes des danses et du drame dans les choeurs solaires, alterne traits vivaces pleins d’esprit et Ă©lans languides Ă©tirĂ©s Ă  la limite de l’audible ­ sa spĂ©cialitĂ© ­, avant de dĂ©chaĂźner les Ă©lĂ©ments. Evoluant dans une lumiĂšre Ă  la Watteau et un aride dispositif de panneaux et cylindres coulissants, qui va progressivement se densifier de projections vidĂ©o et laisser surgir la machinerie derriĂšre le divertissement galant, le casting vocal est un motif de ravissement. On est saisi par le raffinement extrĂȘme de l’Alphise de Mireille Delunsch comme par l’Abaris fantastiquement articulĂ© de Paul Agnew, par l’Adamas goĂ»teux de StĂ©phane Degout comme par la SĂ©mire charnue et fruitĂ©e de Magali LĂ©ger. SubtilitĂ©. Pris un peu Ă  rebours par l’épure scĂ©nique trĂšs picturale de Laurent Pelly, qui avait habituĂ© jusque-lĂ  Ă  un rythme cinĂ©matographique sur le plateau, il faut quelques heures pour mesurer l’impact de cette production dĂ©ployant subtilement ses effets, mais touchant au coeur de Rameau plus sĂ»rement que celles de Robert Carsen au Palais-Garnier et des Ă©poux Herrmann Ă  Salzbourg. » Forum OpĂ©ra – 9 mai 2004 Il est du plus mauvais goĂ»t d’invoquer la malĂ©diction des BorĂ©ades », comme le font certains, tant le dĂ©cĂšs du pĂšre de Marc Minkowski, deux jours avant cette premiĂšre, n’a de commune mesure avec le black out Ă©lectrique de l’OpĂ©ra Garnier lors de la reprise de 2003 dirigĂ©e par Christie et mĂȘme les tourments Ă©ditoriaux de la partition, restituĂ©e par Gardiner Ă  Aix puis
 Ă  Lyon en 1983. Le chef prononce un Ă©mouvant hommage Ă  son pĂšre avant la reprĂ©sentation, un pĂšre flĂ»tiste et grand admirateur de Rameau, souvent aperçu dans le public de PlatĂ©e. Les BorĂ©ades, derniĂšre oeuvre lyrique achevĂ©e par Rameau mais jamais reprĂ©sentĂ©e de son vivant, n’a pas toujours la force et l’efficacitĂ© dramaturgique de PlatĂ©e, justement. Alphise, reine de Bactriane, ne peut Ă©pouser qu’un descendant de BorĂ©e. Deux prĂ©tendants lui font une cour assidue et mortellement ennuyeuse, deux BorĂ©ens, BorilĂ©e et Calisis. Mais elle aime Abaris
 et tergiverse sans fin, ce qui donnera largement le temps Ă  ses sujets d’entamer les danses les plus diverses. Rejetant sa couronne pour ne pas avoir Ă  choisir, elle dĂ©clenchera les foudres de BorĂ©e, qui sera finalement vaincu par Apollon. Quant Ă  Abaris, qui lui aussi aura hĂ©sitĂ© longtemps avant de se dĂ©cider Ă  endosser le costume de hĂ©ros plutĂŽt que celui de victime, il se rĂ©vĂšlera fort opportunĂ©ment descendant de
 BorĂ©e, ce qui arrangera tout le monde Ă  la fin. On ironise
 mais force est de reconnaĂźtre qu’une fois Ă©cartĂ©s les codes de la mĂ©taphore baroque plus pertinents Ă  l’époque de Rameau, le livret est aujourd’hui d’un kitsch absolu, que Cahusac en soit l’auteur ou non. Le contexte de la conception de l’ouvrage Ă©tant Ă  mille lieues de celui d’un spectateur contemporain calĂ© dans un fauteuil profond et une salle de jais, on pardonne quelques bĂąillements. Il s’agit bien lĂ  d’une fĂ©erie mythologique dont le message libertaire Le bien suprĂȘme, c’est la libertĂ© » ne prend vĂ©ritablement quelque force qu’à partir de la fin de l’acte III, quand BorĂ©e dĂ©clenche ses foudres devant l’affront d’Alphise. NĂ© alors que le modĂšle de la tragĂ©die lyrique se meurt, cet opĂ©ra-ballet laisse une grande place aux intermĂšdes dansĂ©s qui, s’ils permettent Ă  l’auditeur de se rĂ©galer de la science orchestrale d’un Rameau visionnaire prĂ©lude de l’acte IV, rompent sans cesse un fil dramatique dĂ©jĂ  fort tĂ©nu. La gageure en devient dĂ©licate pour le metteur en scĂšne
 Or le dispositif scĂ©nique se rĂ©vĂšle ici acoustiquement astucieux et théùtralement efficace Ă  l’image des tourments d’Alphise prise au piĂšge de la loi ancestrale et sous l’effet des vents soulevĂ©s par BorĂ©e, des panneaux semi-circulaires tournoient dans l’espace sur un sol soulignĂ© de spirales elles-mĂȘmes mobiles et silencieuses, bravo les techniciens
. Par ce truchement, les personnages apparaissent et disparaissent comme par magie au grĂ© de la distribution et certaines pages, comme le puits de lumiĂšre et l’escalier de l’Amour, ou l’habile enlĂšvement d’Alphise par BorĂ©e, dĂ©gagent une poĂ©sie quasi surnaturelle. Pour autant, le procĂ©dĂ© tend Ă  lasser, la scĂ©nographie ne changeant qu’aprĂšs la tempĂȘte bouleversement Ă  vue magnifiquement orchestrĂ©, ne laissant plus voir que les carcasses Ă©ventrĂ©es des panneaux. Quant Ă  l’antre de BorĂ©e, il est tout entier occupĂ© par un immense ventilateur grillagĂ© qui devient la prison d’Alphise, avant que de souffler les pĂ©tales de l’hymen final. La nature, cadre de l’ouvrage, semble bien absente de ce choix esthĂ©tique, contrairement Ă  l’option choisie par Carsen Ă  Garnier, si ce n’est quelques malheureux bouquets
. Laurent Pelly prĂ©fĂšre opposer les grisailles du dĂ©cor et les bleus-verts des costumes trĂšs seyants aux noirceurs du monde de BorĂ©e ; la seule Ă©vocation solaire, outre la clartĂ© zĂ©nithale accompagnant l’Amour dĂ©jĂ  citĂ©, viendra Ă  l’acte V d’un projecteur braquĂ© sur le moyeu de l’hĂ©lice devenue soleil, et d’un Apollon s’éclairant lui-mĂȘme de ses deux mains. On sent que Laurent Pelly a voulu Ă©viter Ă  tout prix la joliesse et la naĂŻvetĂ©, ne laissant place aux Ă©lĂ©ments que dans leur aspect malĂ©fique orages, Ă©clairs, mais de quelle façon ! Tout le plateau semble pris dans la bourrasque, relĂ©guant les chanteurs Ă  l’avant-scĂšne. Cette joliesse redoutĂ©e le rattrape pourtant parfois dans la trop fade chorĂ©graphie de Lionel Hoche si les mouvements d’enroulement des corps rĂ©pondent Ă  ceux du dĂ©cor, l’ensemble ne correspond que trop rarement aux subtilitĂ©s de l’écriture musicale et manque d’imagination. Quelques mouvements de bras ne compensent pas l’absence, en soi dĂ©fendable, de rĂ©fĂ©rences vraiment baroques, qui semble hĂ©las aussi craindre l’audace contemporaine. Le plateau vocal, comme lors des reprĂ©sentations parisiennes de l’an dernier, est totalement dominĂ© par Paul Agnew, qui confirme son rapport fusionnel avec le rĂŽle d’Abaris. L’ampleur de la tessiture mixte additionne celle d’un haute-contre aux aigus hĂ©roĂŻques ou tendres et celle d’un vrai baryton, avec une qualitĂ© de passage de registres stupĂ©fiante. Le timbre dense et charnu, l’intelligence stylistique, la clartĂ© de sa diction lui permettent de dresser un portrait sensible d’Abaris auquel il sera difficile pour d’autres de se mesurer. Et mĂȘme la relative timiditĂ© scĂ©nique de l’interprĂšte est habilement transformĂ©e en atout moins dans les scĂšnes hĂ©roĂŻques, reconnaissons-le afin de peaufiner le chant subtil et divinement phrasĂ© du hĂ©ros malgrĂ© lui. La distribution masculine affiche Ă©galement avec bonheur StĂ©phane Degout, enfant du sĂ©rail lyonnais, hier BorylĂ©e chez Christie, montant en grade pour camper un Adamas idĂ©al dans la diction et la projection de la voix, solidement charpentĂ©e. Belles prestations aussi de François Lis BorĂ©e et Thomas DoliĂ© Apollon. ScĂ©niquement efficaces, les deux BorĂ©ens, Tom Allen et Marcel Boone, sont plus inĂ©gaux vocalement. Mais la grande dĂ©ception de la soirĂ©e rĂ©side dans la prestation d’une Mireille Delunsch fatiguĂ©e, surtout au dĂ©but de l’opĂ©ra. Une Alphise noble mais trop fragile vocalement, laissĂ©e Ă  elle-mĂȘme scĂ©niquement pendant de trop longs instants ceux des ballets pour arriver Ă  maintenir la cohĂ©rence de son incarnation, trop tendue pour ĂȘtre rĂ©ellement Ă©mouvante, mĂȘme si sa prĂ©sence est plus palpable aprĂšs l’entracte. La diction, pĂąteuse, justifie la prĂ©sence un peu surprenante de sous-titres. On se demande pourquoi Abaris ne tombe pas plutĂŽt sous le charme de SĂ©mire, incarnĂ©e par la lumineuse Magali LĂ©ger. L’émotion tangible de Marc Minkowski et de ses musiciens explique une mise en place un peu difficile, une ouverture un rien brouillonne aux cors, timides, mais la reprise en main ne se fait pas trop attendre et l’on retrouve un Minkowski plus souverain, une direction jouissive et millimĂ©trĂ©e dans des musiques de ballets d’une belle exactitude mĂ©trique et d’une grande cohĂ©rence globale. La fusion des Musiciens du Louvre-Grenoble et de l’orchestre de l’OpĂ©ra est rien moins qu’évidente dans une partition d’une rĂ©elle difficultĂ©, mais le rĂ©sultat est lĂ , notamment dans les bourrasques orchestrales des deux derniers actes. Science coloriste de Rameau, palette de nuances et de dynamiques de Minkowski, astucieusement avantagĂ©e par une fosse hissĂ©e Ă  la hauteur du parterre. » Concert Classic – 21 mai 2004 Et si la vraie raison de l’abandon des BorĂ©ades par ses contemporains rĂ©sidait dans le fait que la partition dĂ©passa leur entendement et que son exĂ©cution leur paru techniquement insurmontable ? Gardiner s’y frotta le premier en 1982 soit plus de deux siĂšcles aprĂšs la composition de l’Ɠuvre. En vingt ans d’existence, trois productions notoires ne sont pas parvenues Ă  rendre l’ouvrage lisible Martinoty pour Gardiner noyait la partition dans un théùtre de costumes dont plus aucune image dramatique ne nous reste en mĂ©moire mais l’enregistrement, lui, a conservĂ© toute sa puissance, les Herrmann pour Salzbourg y transcrivaient l’action façon cabaret berlinois, accumulant les contresens, enfin Carsen Ă  Garnier fit un beau spectacle mais sans rapport rĂ©el avec l’importance de l’Ɠuvre. Car Les BorĂ©ades sont Ă  la fois ce que Rameau aura osĂ© de plus absolu – la musique semble sortie directement de son intellect pour se saisir de l’orchestre – alors mĂȘme que son objet dramatique est Ă©vacuĂ© au bout d’un quart d’heure. Les BorĂ©ades ne sont plus dans leur dramaturgie, l’objet mĂȘme de la TragĂ©die Lyrique les a dĂ©sertĂ©es. Ce processus Ă©tait dĂ©jĂ  engagĂ© depuis un certain temps. DĂ©s 1760, Rameau avait mis le doigt dans l’engrenage avec Les Paladins en reprĂ©sentation tout ce mois au ChĂątelet. Pelly a choisi d’ĂȘtre simplement narratif. Peu aidĂ© par de hauts demi cylindres qui encombrent la scĂšne, tout le dĂ©but du I sembla Ă©triquĂ©, mais une fois que le dĂ©cor s’ouvrait et se recomposait, le metteur en scĂšne su en jouer Ă  loisir pour varier les entrĂ©es des danseurs et du chƓur, refermant autour d’Alphise les piĂšges des prĂ©tendants, Calisis et BorillĂ©e. Distribuer cet opĂ©ra n’est pas aisĂ©, Mireille Delunsch l’a compris Ă  ses dĂ©pends. Dans sa robe vĂ©nĂ©neuse, avec sa couronne implacable, elle dessina un personnage farouche, dramatiquement somptueux, une amazone irrĂ©ductible. Mais la voix souffrait durant tout le I, les vocalises Ă  peine dĂ©taillĂ©es, la tessiture meurtriĂšre mettant Ă  mal la justesse. Il fallait que l’instrument s’assouplisse et dĂ©s le II, malgrĂ© la fatigue nous Ă©tions Ă  la derniĂšre, elle reconquit progressivement tous ses pouvoirs vocaux. Mais il reste clair qu’Alphise lui Ă©chappe. Pour qui a dans l’oreille Jennifer Smith, le personnage mĂȘme restera parĂ© d’une plus grande complexitĂ©. Si Marcel Boone fut anecdotique en BorilĂ©e mais le rĂŽle est peut-ĂȘtre le plus plat de l’ensemble, Tom Allen donna un relief dramatique comme vocal inĂ©dit Ă  Calisis. Le grand tĂ©nor Ă  la française, d’un caractĂšre hĂ©roĂŻque, Ă©clatait les cadres de son personnage. L’aigu dĂ©mesurĂ© annonçait au moins une quinte d’espace en plus. Mais d’oĂč vient-il, de Mars ? Non, de Chicago. Ces amĂ©ricains tout de mĂȘme, ils exagĂšrent. Point faible du spectacle, les chorĂ©graphies, plus proche de la gymnastique au sol que du ballet. Voila bien le handicap majeur d’une production dont il faut encore raffiner les Ă©clairages et peut-ĂȘtre varier les costumes Les BorĂ©ades sont-elles maçonniques ? La FlĂ»te enchantĂ©e de Rameau, si vous voulez. Pelly semble rĂ©pondre oui, copiant Adamas sur Zarastro. Degout impeccable et chez lui Ă  Lyon y triompha, impĂ©rial et humain. Evidemment Abaris annonce Tamino, Agnew y fait ce qu’il peut, admirable Ă  sa façon, mais parfois dĂ©passĂ© par le format hĂ©roĂŻque du personnage on y entendrait idĂ©alement le tĂ©nor plus tranchant d’un Eric Tappy, O regrets !. Magali LĂ©ger campa joliment SĂ©mire et l’enfantine Malia Bendi Merad alterna avec grĂące l’Amour et Polymnie. Dans ces deux rĂŽles, cette voix aura dit tout ce qu’elle peut. Yniold peut-ĂȘtre suivra, on craint que ce soit tout. Bel Apollon de DoliĂ©, portant ses lumiĂšres dans les paumes, mais la rĂ©vĂ©lation de la soirĂ©e fut BorĂ©e lui mĂȘme. CampĂ© devant son hĂ©lice au V, François Lis absorba le public dĂ©s son premier mot. Quoi, une basse française ? Depuis Pernet on avait oubliĂ© la rĂ©alitĂ© de ce registre. Et BorĂ©e n’est pas la partie la plus aisĂ©e de l’Ɠuvre, son chant par monts et par vaux, ses sauts d’obstacles ne font pas de cadeaux. Lys mordait les mots et dĂ©bordait la salle modeste de l’OpĂ©ra de Lyon le tranchant et la plĂ©nitude rĂ©unie. Sans jamais rien cĂ©der, Minkowski imposait l’orchestre fou de Rameau Ă  nos oreilles Ă©bahies. Cette musique est divine, monstrueuse, impossible, on la dirait Ă  la fois composĂ©e demain et voici des siĂšcles. Le temps historiques disparaĂźt entre ses portĂ©es. OĂč voulait aller Rameau ? Il rĂ©pond par un pied de nez en concluant non par la traditionnelle chaconne que la grande tragĂ©die des BorĂ©ades appelait naturellement, mais par des contredanses qui sonnent avec un faux air de carmagnole. Des suites au disque ? Qui sait
 » Le Monde – 18 mai 2004 – Les vaines BorĂ©ades » de Laurent Pelly La plupart des metteurs en scĂšne ne savent pas trop quoi faire de ces objets dĂ©calĂ©s et dĂ©cadrĂ©s que sont, pour le public d’aujourd’hui, les tragĂ©dies lyriques baroques. Les uns, comme Philippe LenaĂ«l ou EugĂšne Green, ont choisi une voie historiciste », consistant Ă  restituer ces Ɠuvres dans le contexte des pratiques de leur temps dĂ©clamation, gestuelle, dĂ©cors, danse ; d’autres, comme les Ă©poux Hermann, ont traitĂ© avec ironie la tragĂ©die lyrique baroque comme un corps Ă©tranger, Ă©ventuellement empoussiĂ©rĂ©. Dans cette catĂ©gorie, on peut aussi compter Laurent Pelly, qui a rĂ©ussi une PlatĂ©e farceuse et drĂŽle Ă  l’OpĂ©ra de Paris en 2002. Entre ces deux extrĂȘmes, Jean-Marie VillĂ©gier est l’exemple d’une voie mĂ©diane, entre une stylistique Ă  conscience historique et un regard contemporain – la rĂ©ussite parfaitement synthĂ©tique de son Atys, de Lully, et de sa MĂ©dĂ©e, de Charpentier. Laurent Pelly s’attaque aux BorĂ©ades, le dernier opĂ©ra de Rameau, dans une nouvelle production pour les OpĂ©ras de Lyon et de Zurich. Le metteur en scĂšne français, qui a surtout montĂ© des ouvrages comiques, semble incapable de faire sien ce monde complexe et dramatique. Certes, Pelly a pour une fois osĂ© » l’austĂ©ritĂ©, mais son travail suinte le dĂ©sarroi, le vide, que ne comblent pas d’astucieux autant qu’ennuyeux mouvements de parois courbes. Sur scĂšne, l’Abaris de Paul Agnew dĂ©note une voix qui a perdu de sa fraĂźcheur et qui risque de perdre davantage si elle s’obstine dans des rĂŽles trop dramatiques pour sa nature essentiellement Ă©lĂ©giaque. Mireille Delunsch est une Alphise sĂšche, Ă  la voix souvent mĂ©tallique et Ă  l’intonation basse. La chorĂ©graphie de Lionel Hoche est laide et vide. Dans la fosse, Marc Minkowski fait du Minkowski, ce que le public semble adorer. Le chef français dirige Ă  trĂšs gros traits une partition sublime qu’il rend presque vulgaire Ă  force d’exagĂ©rations, d’effets tĂ©lĂ©phonĂ©s decrescendos annonçant un forte subito, reprises da capo » en lumiĂšre tamisĂ©e, son pĂ©chĂ© mignon et dans laquelle il s’autorise des bouleversements, par exemple dans la scĂšne 4 de l’acte IV. L’orchestre rĂ©uni auquel ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©s des musiciens de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Lyon sonne de maniĂšre dĂ©braillĂ©e cordes hĂ©tĂ©rogĂšnes, flĂ»tes et clarinettes calamiteuses, basses d’archet du continuo jouant faux. » OpĂ©ra Garnier – 28, 30 mars 2003, 1er, 3, 6, 8, 10, 13, 15, 17 avril 2003 – Théùtre de Caen – 26 et 28 avril 2003 – New York – Brooklyn Academy of Music – 9, 11, 13 et 15 juin 2003 – Londres – Barbican Centre – 19 juin 2003 en version de concert – Orchestre et Choeur des Arts Florissants – dir. William Christie – mise en scĂšne Robert Carsen – dĂ©cors et costumes Michael Levine – lumiĂšres Robert Carsen, Peter van Praet – chorĂ©graphie Edouard Lock, assistĂ© de Hua Fang Zhang – dramaturgie Ian Burton – assistants musicaux BĂ©atrice Martin, JĂ©rĂ©mie Rhorer – chef de choeurs François Bazola – nouvelle production – avec Barbara Bonney / Anna Maria Panzarella Alphise, Anna Maria Panzarella / JaĂ«l Azzaretti SĂ©mire, Paul Agnew Abaris, Toby Spence Calisis, Laurent Naouri BorĂ©e, StĂ©phane Degout BorilĂ©e, Nicolas Rivenq Adamas, Apollon, Hanna Bayodi une nymphe, Shadi Tordey un ministre, ThĂ©o Joulia-Demory l’Amour Operabase – 28 mars et 3 avril 2003 Encore une production qui aura eu besoin de quelques reprĂ©sentations-rĂ©pĂ©titions supplĂ©mentaires aprĂšs la premiĂšre pour se roder ! Les chanteurs ont pris plus d’assurance, mais cela ne corrige cependant pas quelques erreurs de distribution et l’émission souvent forcĂ©e de voix manquant d’ampleur et refusant certaines accommodations vocales sans lesquelles il est difficile de convaincre et de prĂ©server son instrument vocal pour l’avenir, mĂȘme dans une salle de taille raisonnable et de bonne acoustique comme le Palais Garnier. L’ouverture ne manque pas d’allant. Lors de la premiĂšre, elle a hĂ©las Ă©tĂ© massacrĂ©e par le cor, qui intervenait encore pour de courts mais pĂ©nibles motifs pendant le rĂ©citatif qui suit. On imagine mal que Rameau ait intĂ©grĂ© ces motifs s’il n’avait disposĂ© d’un corniste plus fiable, mais le problĂšme Ă©tait rĂ©glĂ© le 3 avril. La premiĂšre partie, regroupant les actes I et II, manque de cohĂ©sion et de conviction. À vrai dire, l’équipe entiĂšre ne semblait pas convaincue, lors de la premiĂšre, de la pertinence des options musicales et scĂ©niques choisies. Le spectateur, quant Ă  lui, peut certes dĂ©jĂ  deviner, en voyant tomber les feuilles mortes aprĂšs qu’une prairie fleurie a Ă©tĂ© fauchĂ©e », que la succession des saisons sera le fil conducteur de la mise en scĂšne, mais cela ne donne guĂšre plus de pertinence Ă  ce fil conducteur. Il est bien sĂ»r problĂ©matique de mettre en scĂšne une oeuvre qui n’offre pas la force dramatique de Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie ou Dardanus et qui est d’ailleurs plus un opĂ©ra-ballet qu’une tragĂ©die en musique. À la fin du spectacle, le spectateur peut rĂ©trospectivement jouir de la trame qui lui a Ă©tĂ© proposĂ©e et lui trouver un sens, mais sur le coup, toute la premiĂšre partie apparaĂźt comme une succession passablement gratuite de beaux tableaux. Si Robert Carsen et Michael Levine se sont entendus pour travailler dans le cadre temporel de la succession des saisons, Edouard Lock et Michael Levine sous sa casquette de costumier y ajoutent un combat entre costumes noirs et sous-vĂȘtements blancs, dont ces derniers sortent vainqueurs ! Ces costumes sont portĂ©s tant par les choristes que par les danseurs, ces derniers Ă©tant reconnaissables Ă  leur maigreur autant qu’à leur mutisme. Les noirs tĂ©moignent de leur rigiditĂ© productiviste par des mouvements frĂ©nĂ©tiques et dĂ©sarticulĂ©s qui les font s’agiter sur place sans les mener nulle part, mĂȘme pas Ă  s’unir avec leurs alter ego fĂ©minins en bikini noir, tandis que les blancs, plus chanceux, miment en couples une sensualitĂ© mollassonne qui prĂ©sente l’avantage annexe de pouvoir ĂȘtre Ă©galement jouĂ©e par les choristes. L’accoutrement choisi, entre slip et caleçon long, permet Ă  chacun de tĂ©moigner de son degrĂ© d’exhibitionnisme ou d’aisance physique tout en apportant Ă  l’ensemble une note de libertĂ© individuelle et de variĂ©tĂ©. AprĂšs le premier entracte, allongĂ© d’une heure le soir de la premiĂšre non par un dĂźner de gala mais par une coupure d’électricitĂ© extĂ©rieure Ă  la maison, l’ensemble paraĂźt plus enlevĂ©. La situation ayant maintenant Ă©tĂ© exposĂ©e, le peu d’action de l’opĂ©ra peut avancer. Surtout, mĂȘme si la mise en scĂšne ne s’accorde pas forcĂ©ment davantage au texte, Robert Carsen trouve de beaux remplissages pour meubler certains passages orchestraux. Ainsi de la scĂšne oĂč Abaris rĂ©veille successivement la troupe des sous-vĂȘtements blancs et la scĂšne suivante oĂč cette troupe des Plaisirs » synonyme plus Ă©lĂ©gant balaie la neige de la table. Dit comme ça, ça a l’air idiot, mais c’est trĂšs beau!. Le cinquiĂšme acte, aprĂšs un second entracte, est aussi trĂšs rĂ©ussi. Le 3 avril, toute la scĂšne hivernale » acquiert une belle cohĂ©rence, comme ensuite celle des parapluies ». Sans doute la scĂšne de la neige » est-elle d’autant plus forte qu’elle traduit bien la tempĂȘte musicale, morceau obligĂ© dans tout opĂ©ra baroque ! Avant ces belles scĂšnes, mise en scĂšne et chorĂ©graphie apparaissent d’autant plus faibles le 3 avril que l’orchestre est beaucoup plus Ă  l’aise. On sent d’autant plus qu’elles ne sont pas portĂ©es par la musique et font mal passer le texte. Il est par exemple frappant que le librettiste ait pris la peine d’exposer la situation de dĂ©part trĂšs clairement au tout dĂ©but de l’oeuvre, mais que la mise en scĂšne et les costumes uniformĂ©ment gris anthracite ne transmettent ce sens que confusĂ©ment, mĂȘme Ă  la deuxiĂšme vision. Les gesticulations chorĂ©graphiques des costumes noirs » tombent toujours aussi Ă  plat, et on finit par regarder ailleurs pour mieux goĂ»ter le rythme de la musique, que la danse contredit. Et pourquoi le strip-tease partiel! de Barbara Bonney pendant son air Un horizon serein », qui pourrait ĂȘtre d’un effet superbe? Vocalement, cette production est trĂšs inĂ©gale. Barbara Bonney n’a pas du tout l’ampleur de ligne vocale requise par son rĂŽle. Si l’on tenait Ă  une vedette Ă©trangĂšre, RenĂ©e Fleming aurait Ă©tĂ© plus adaptĂ©e. La voix est souvent tirĂ©e, l’aigu parfois presque criĂ©. Le mĂ©dium sonne creux, avec une impĂ©dance rendue trĂšs faible par l’ouverture excessive de la bouche et des voyelles. Bref, elle ouvre une large bouche mais il en sort d’autant moins de son que cette ouverture est trop large pour amplifier correctement la fourniture laryngĂ©e. Les aigus sortent, mais avec un timbre tirĂ© » dĂ» Ă  leur Ă©mission en pression, Ă  laquelle les cordes vocales ont du mal Ă  rĂ©sister. De nombreuses finales sont Ă©courtĂ©es et Ă©tranglĂ©es. Apparemment, la pression excessive est brusquement relĂąchĂ©e, ce qui produit presque une terminaison glottique, un coup de glotte ». Le soir de la premiĂšre seulement, Barbara Bonney fausse Ă  plusieurs reprises et ses consonnes sont excessivement articulĂ©es et postillonnĂ©es » mĂȘme avant une liaison. Ses reprises de souffle frĂ©quentes sont manifestement trop superficielles. Enfin, Barbara Bonney si admirable et crĂ©dible en adolescente l’an dernier au ChĂątelet dans Arabella est ici costumĂ©e et maquillĂ©e en rombiĂšre, avec le visage dur et anguleux d’une grande dame protestante peinte par Frans Hals, ce qui enlĂšve beaucoup de vraisemblance Ă  son amour pour Abaris
 ou du moins Ă  sa rĂ©ciprocitĂ© ! Anna Maria Panzarella chante trĂšs honnĂȘtement, avec une ligne vocale et une consistance de timbre, bref une Ă©mission bien structurĂ©e, mĂȘme si elle est assez ouverte et non exempte de sons droits, clairs et un peu tirĂ©s » dans l’aigu. Paul Agnew laisse perplexe. Grossissant souvent sa voix, il semble parfois vouloir imiter Nicolas Rivenq dans l’émission un peu caverneuse Ă  laquelle ce dernier a en bonne partie renoncĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Pourquoi vouloir Ă  tel point barytonner » quand on prĂ©tend incarner des rĂŽles de haute-contre, donc de tĂ©nor aigu? Pourquoi vouloir se faire aussi gros que le boeuf si on peut ĂȘtre une bonne grenouille? Paul Agnew Ă©largit et durcit ainsi son rĂ©sonateur bucco-pharyngĂ©, ce qui le conduit Ă  pousser sa voix pour soutenir » cette rĂ©sonance trop lourde. Le soir de la premiĂšre, ce n’est qu’à la fin du cinquiĂšme acte qu’il a retrouvĂ© une Ă©mission plus en tĂȘte, sans doute aussi confortable pour lui que pour les oreilles des auditeurs, cette Ă©mission qui en avait fait un admirable Hippolyte dans cette mĂȘme salle. Le 3 avril, Paul Agnew sonnait un peu plus en tĂȘte », mais avec toujours trop d’appuis laryngĂ©s, qui provoquent des dĂ©buts de son parfois rauques, parfois briĂšvement aphones. Comme Barbara Bonney, il n’est pas assez en phonation de flux » qui se veut Ă©galement fluide. Il y a trop de pression sous-glottique et de rĂ©sistance des cordes vocales par rapport au flux d’air. Musculairement, Paul Agnew est hypertonique. Beaucoup de secousses de la tĂȘte et du corps rythment son chant et tentent peut-ĂȘtre d’en dĂ©nouer les tensions, mais en ajoutent hĂ©las Ă  chaque fois de nouvelles. StĂ©phane Degout serait peut-ĂȘtre excellent s’il n’était distribuĂ© dans un rĂŽle trop grave pour lui, qui le conduit Ă  appuyer excessivement ses notes graves sur le larynx et Ă  les faire rĂ©sonner dans un pharynx distendu aux parois durcies. Toby Spence, plus Ă  l’aise le 3 avril, grossit cependant aussi son mĂ©dium et force. Émettre ensuite son aigu sans aucune accommodation, avec des voyelles Ă  la fois ouvertes et serrĂ©es, lui vaudrait certainement de beaux succĂšs en comĂ©die musicale, oĂč l’amplification lui permettrait de ne pas forcer sa voix, mais ne peut ĂȘtre une option valable et encore moins une exigence Ă  l’opĂ©ra, surtout dans une salle oĂč l’acoustique naturelle n’est pas encore amplifiĂ©e Ă©lectroniquement. Actuellement, seules les oreilles de quelques professeurs de chant et amateurs grincent Ă  ce type d’émission, qui risque cependant de rĂ©duire la longĂ©vitĂ© vocale de ce chanteur. Au cours de la premiĂšre partie, Nicolas Rivenq est le premier chanteur Ă  avoir une Ă©mission agrĂ©able, sonore sans ĂȘtre forcĂ©e et faisant admirablement passer son texte comme son personnage. Il est toujours superbe le 3 avril. Le soir de la premiĂšre, Laurent Naouri aboie » plus que jamais mais rĂ©ussit Ă  aboyer sur le souffle », crachant ses consonnes sans raideur et sans handicaper ses voyelles et prĂ©servant ainsi son instrument vocal. Le 3 avril, son Ă©mission est plus Ă©quilibrĂ©e tout en gardant autant d’impact. Il semble insuffler une Ă©nergie dĂ©moniaque Ă  l’ensemble du plateau! Il serait dommage pour une voix qui n’a rien de bouffe » de se priver du legato dont elle est capable, au risque de se laisser enfermer dans des rĂŽles de mĂ©chants de tragĂ©die lyrique ou d’opĂ©rette. Les reprĂ©sentations suivantes ont largement corrigĂ© l’imprĂ©cision de l’orchestre et le frĂ©quent urlo francese » des voix de la premiĂšre, mais cette production n’est cependant toujours pas entiĂšrement convaincante. » OpĂ©ra International – mai 2003 Robert Carsen a totalement compris la fondation qu’en exact cartĂ©sien, Rameau donne Ă  son IdĂ©e philosophique et Ă  sa vision du monde la Nature telle que l’artiste la façonne est plus belle et surtout plus vraie que la Nature naturelle. Il a conçu une nature fictionnelle, non pas baroque, mais contemporaine, avec son cortĂšge de fleurs artificielles et d’élĂ©ments feuilles mortes, neige dĂ©chaĂźnĂ©s par nos actuels dĂ©sordres climatiques ; des Ă©clairages alternant le sombre de la nuit Ă©ternelle et l’éclat Ă©blouissant de la clartĂ© zĂ©nithale ont accentuĂ© ce magnifique artifice riche en stupĂ©fiantes beautĂ©s. Carsen a su rendre sensible sans redondance Ă  l’exception de quelques danses, au milieu d’une chorĂ©graphie passionnante l’alternance manichĂ©enne de borĂ©al et de solaire qui est au coeur de la pensĂ©e dramaturgique de cet opĂ©ra. Une intelligente direction d’acteurs et des costumes imaginatifs ont contribuĂ© Ă  cette rĂ©ussite scĂ©nique. La joie auditive ne fut pas totale. Est-ce la panne Ă©lectrique ou une lĂ©gĂšre imprĂ©paration ? l’autoritĂ© sereine n’était pas dans la fosse, tant l’orchestre fut inhabituellement peu sonnant et presque passif. Toujours aussi Ă  son aise lorsqu’il s’agit d’accompagner les grands rĂ©cits, William Christie a offert de moindres cohĂ©rences orchestrales et exactitudes mĂ©triques dans les danses. En tous ces domaines, les reprĂ©sentations suivantes estomperont ces Ă©tonnants dĂ©sagrĂ©ments. Le rĂ©sultat vocal fut inĂ©gal. Les deux hĂ©ros » de la soirĂ©e auront Ă©tĂ© Nicolas Rivenq oeuvrant ici dans le coeur de sa tessiture, il donne Ă  son rĂŽle toute la sĂ©rĂ©nitĂ© mĂ©ditative apollinienne qui sied et Paul Agnew. GrĂące Ă  un timbre qui s’est densifiĂ©, il maĂźtrise maintenant toute la tessiture d’une haute-contre des aigus tantĂŽt lumineux, tantĂŽt hĂ©roĂŻques aux graves quasi barytonaux ; son expressivitĂ© sans faille et son universelle comprĂ©hension stylistique et linguistique font de lui le titulaire idĂ©al de ces rĂŽles difficiles entre tous. Corrects furent Toby Spence il maĂźtrise bien une tessiture tendue dans l’aigu et StĂ©phane Degout son aplomb vocal et scĂ©nique dissimule assez bien une Ă©mission bien grossie pour un si jeune chanteur. DĂ©cevante fut Barbara Bonney Alphise Ă  la peine dans son grand rĂ©cit Un horizon serein » Ă  la fin de l’acte I aigus criĂ©s, mĂ©dium creux et graves inexistants, elle parvint ultĂ©rieurement, grĂące Ă  son art, Ă  rendre crĂ©dible un emploi qui aurait mieux convenu Ă  un soprano plus dramatique. Sans doute malmenĂ© par une attente trop longue, Laurent Naouri BorĂ©e n’entra pas dans son bref rĂŽle, tant vocalement que dramatiquement. » – 28 mars et 3 avril 2003 Encore une production qui aura eu besoin de quelques reprĂ©sentations-rĂ©pĂ©titions supplĂ©mentaires aprĂšs la premiĂšre pour se roder! Les chanteurs ont pris plus d’assurance, mais cela ne corrige cependant pas quelques erreurs de distribution et l’émission souvent forcĂ©e de voix manquant d’ampleur et refusant certaines accommodations vocales sans lesquelles il est difficile de convaincre et de prĂ©server son instrument vocal pour l’avenir, mĂȘme dans une salle de taille raisonnable et de bonne acoustique comme le Palais Garnier. L’ouverture ne manque pas d’allant. Lors de la premiĂšre, elle a hĂ©las Ă©tĂ© massacrĂ©e par le cor, qui intervenait encore pour de courts mais pĂ©nibles motifs pendant le rĂ©citatif qui suit. On imagine mal que Rameau ait intĂ©grĂ© ces motifs s’il n’avait disposĂ© d’un corniste plus fiable, mais le problĂšme Ă©tait rĂ©glĂ© le 3 avril. La premiĂšre partie, regroupant les actes I et II, manque de cohĂ©sion et de conviction. À vrai dire, l’équipe entiĂšre ne semblait pas convaincue, lors de la premiĂšre, de la pertinence des options musicales et scĂ©niques choisies. Le spectateur, quant Ă  lui, peut certes dĂ©jĂ  deviner, en voyant tomber les feuilles mortes aprĂšs qu’une prairie fleurie a Ă©tĂ© fauchĂ©e », que la succession des saisons sera le fil conducteur de la mise en scĂšne, mais cela ne donne guĂšre plus de pertinence Ă  ce fil conducteur. Il est bien sĂ»r problĂ©matique de mettre en scĂšne une oeuvre qui n’offre pas la force dramatique de Castor et Pollux, Hippolyte et Aricie ou Dardanus et qui est d’ailleurs plus un opĂ©ra-ballet qu’une tragĂ©die en musique. À la fin du spectacle, le spectateur peut rĂ©trospectivement jouir de la trame qui lui a Ă©tĂ© proposĂ©e et lui trouver un sens, mais sur le coup, toute la premiĂšre partie apparaĂźt comme une succession passablement gratuite de beaux tableaux. Si Robert Carsen et Michael Levine se sont entendus pour travailler dans le cadre temporel de la succession des saisons, Edouard Lock et Michael Levine sous sa casquette de costumier y ajoutent un combat entre costumes noirs et sous-vĂȘtements blancs, dont ces derniers sortent vainqueurs! Ces costumes sont portĂ©s tant par les choristes que par les danseurs, ces derniers Ă©tant reconnaissables Ă  leur maigreur autant qu’à leur mutisme. Les noirs tĂ©moignent de leur rigiditĂ© productiviste par des mouvements frĂ©nĂ©tiques et dĂ©sarticulĂ©s qui les font s’agiter sur place sans les mener nulle part, mĂȘme pas Ă  s’unir avec leurs alter ego fĂ©minins en bikini noir, tandis que les blancs, plus chanceux, miment en couples une sensualitĂ© mollassonne qui prĂ©sente l’avantage annexe de pouvoir ĂȘtre Ă©galement jouĂ©e par les choristes. L’accoutrement choisi, entre slip et caleçon long, permet Ă  chacun de tĂ©moigner de son degrĂ© d’exhibitionnisme ou d’aisance physique tout en apportant Ă  l’ensemble une note de libertĂ© individuelle et de variĂ©tĂ©. AprĂšs le premier entracte, allongĂ© d’une heure le soir de la premiĂšre non par un dĂźner de gala mais par une coupure d’électricitĂ© extĂ©rieure Ă  la maison, l’ensemble paraĂźt plus enlevĂ©. La situation ayant maintenant Ă©tĂ© exposĂ©e, le peu d’action de l’opĂ©ra peut avancer. Surtout, mĂȘme si la mise en scĂšne ne s’accorde pas forcĂ©ment davantage au texte, Robert Carsen trouve de beaux remplissages pour meubler certains passages orchestraux. Ainsi de la scĂšne oĂč Abaris rĂ©veille successivement la troupe des sous-vĂȘtements blancs et la scĂšne suivante oĂč cette troupe des Plaisirs » synonyme plus Ă©lĂ©gant balaie la neige de la table. Dit comme ça, ça a l’air idiot, mais c’est trĂšs beau!. Le cinquiĂšme acte, aprĂšs un second entracte, est aussi trĂšs rĂ©ussi. Le 3 avril, toute la scĂšne hivernale » acquiert une belle cohĂ©rence, comme ensuite celle des parapluies ». Sans doute la scĂšne de la neige » est-elle d’autant plus forte qu’elle traduit bien la tempĂȘte musicale, morceau obligĂ© dans tout opĂ©ra baroque ! Avant ces belles scĂšnes, mise en scĂšne et chorĂ©graphie apparaissent d’autant plus faibles le 3 avril que l’orchestre est beaucoup plus Ă  l’aise. On sent d’autant plus qu’elles ne sont pas portĂ©es par la musique et font mal passer le texte. Il est par exemple frappant que le librettiste ait pris la peine d’exposer la situation de dĂ©part trĂšs clairement au tout dĂ©but de l’oeuvre, mais que la mise en scĂšne et les costumes uniformĂ©ment gris anthracite ne transmettent ce sens que confusĂ©ment, mĂȘme Ă  la deuxiĂšme vision. Les gesticulations chorĂ©graphiques des costumes noirs » tombent toujours aussi Ă  plat, et on finit par regarder ailleurs pour mieux goĂ»ter le rythme de la musique, que la danse contredit. Et pourquoi le strip-tease partiel! de Barbara Bonney pendant son air Un horizon serein », qui pourrait ĂȘtre d’un effet superbe? Vocalement, cette production est trĂšs inĂ©gale. Barbara Bonney n’a pas du tout l’ampleur de ligne vocale requise par son rĂŽle. Si l’on tenait Ă  une vedette Ă©trangĂšre, RenĂ©e Fleming aurait Ă©tĂ© plus adaptĂ©e. La voix est souvent tirĂ©e, l’aigu parfois presque criĂ©. Le mĂ©dium sonne creux, avec une impĂ©dance rendue trĂšs faible par l’ouverture excessive de la bouche et des voyelles. Bref, elle ouvre une large bouche mais il en sort d’autant moins de son que cette ouverture est trop large pour amplifier correctement la fourniture laryngĂ©e. Les aigus sortent, mais avec un timbre tirĂ© » dĂ» Ă  leur Ă©mission en pression, Ă  laquelle les cordes vocales ont du mal Ă  rĂ©sister. De nombreuses finales sont Ă©courtĂ©es et Ă©tranglĂ©es. Apparemment, la pression excessive est brusquement relĂąchĂ©e, ce qui produit presque une terminaison glottique, un coup de glotte ». Le soir de la premiĂšre seulement, Barbara Bonney fausse Ă  plusieurs reprises et ses consonnes sont excessivement articulĂ©es et postillonnĂ©es » mĂȘme avant une liaison. Ses reprises de souffle frĂ©quentes sont manifestement trop superficielles. Enfin, Barbara Bonney si admirable et crĂ©dible en adolescente l’an dernier au ChĂątelet dans Arabella est ici costumĂ©e et maquillĂ©e en rombiĂšre, avec le visage dur et anguleux d’une grande dame protestante peinte par Frans Hals, ce qui enlĂšve beaucoup de vraisemblance Ă  son amour pour Abaris
 ou du moins Ă  sa rĂ©ciprocitĂ©! Anna-Maria Panzarella chante trĂšs honnĂȘtement, avec une ligne vocale et une consistance de timbre, bref une Ă©mission bien structurĂ©e, mĂȘme si elle est assez ouverte et non exempte de sons droits, clairs et un peu tirĂ©s » dans l’aigu. Paul Agnew laisse perplexe. Grossissant souvent sa voix, il semble parfois vouloir imiter Nicolas Rivenq dans l’émission un peu caverneuse Ă  laquelle ce dernier a en bonne partie renoncĂ© ces derniĂšres annĂ©es. Pourquoi vouloir Ă  tel point barytonner » quand on prĂ©tend incarner des rĂŽles de haute-contre, donc de tĂ©nor aigu? Pourquoi vouloir se faire aussi gros que le boeuf si on peut ĂȘtre une bonne grenouille? Paul Agnew Ă©largit et durcit ainsi son rĂ©sonateur bucco-pharyngĂ©, ce qui le conduit Ă  pousser sa voix pour soutenir » cette rĂ©sonance trop lourde. Le soir de la premiĂšre, ce n’est qu’à la fin du cinquiĂšme acte qu’il a retrouvĂ© une Ă©mission plus en tĂȘte, sans doute aussi confortable pour lui que pour les oreilles des auditeurs, cette Ă©mission qui en avait fait un admirable Hippolyte dans cette mĂȘme salle. Le 3 avril, Paul Agnew sonnait un peu plus en tĂȘte », mais avec toujours trop d’appuis laryngĂ©s, qui provoquent des dĂ©buts de son parfois rauques, parfois briĂšvement aphones. Comme Barbara Bonney, il n’est pas assez en flow phonation », phonation de flux » qui se veut Ă©galement fluide. Il y a trop de pression sous-glottique et de rĂ©sistance des cordes vocales par rapport au flux d’air. Musculairement, Paul Agnew est hypertonique. Beaucoup de secousses de la tĂȘte et du corps rythment son chant et tentent peut-ĂȘtre d’en dĂ©nouer les tensions, mais en ajoutent hĂ©las Ă  chaque fois de nouvelles. StĂ©phane Degout serait peut-ĂȘtre excellent s’il n’était distribuĂ© dans un rĂŽle trop grave pour lui, qui le conduit Ă  appuyer excessivement ses notes graves sur le larynx et Ă  les faire rĂ©sonner dans un pharynx distendu aux parois durcies. Toby Spence, plus Ă  l’aise le 3 avril, grossit cependant aussi son mĂ©dium et force. Émettre ensuite son aigu sans aucune accommodation, avec des voyelles Ă  la fois ouvertes et serrĂ©es, lui vaudrait certainement de beaux succĂšs en comĂ©die musicale, oĂč l’amplification lui permettrait de ne pas forcer sa voix, mais ne peut ĂȘtre une option valable et encore moins une exigence Ă  l’opĂ©ra, surtout dans une salle oĂč l’acoustique naturelle n’est pas encore amplifiĂ©e Ă©lectroniquement. Actuellement, seules les oreilles de quelques professeurs de chant et amateurs grincent Ă  ce type d’émission, qui risque cependant de rĂ©duire la longĂ©vitĂ© vocale de ce chanteur. Au cours de la premiĂšre partie, Nicolas Rivenq est le premier chanteur Ă  avoir une Ă©mission agrĂ©able, sonore sans ĂȘtre forcĂ©e et faisant admirablement passer son texte comme son personnage. Il est toujours superbe le 3 avril. Le soir de la premiĂšre, Laurent Naouri aboie » plus que jamais mais rĂ©ussit Ă  aboyer sur le souffle », crachant ses consonnes sans raideur et sans handicaper ses voyelles et prĂ©servant ainsi son instrument vocal. Le 3 avril, son Ă©mission est plus Ă©quilibrĂ©e tout en gardant autant d’impact. Il semble insuffler une Ă©nergie dĂ©moniaque Ă  l’ensemble du plateau! Il serait dommage pour une voix qui n’a rien de bouffe » de se priver du legato dont elle est capable, au risque de se laisser enfermer dans des rĂŽles de mĂ©chants de tragĂ©die lyrique ou d’opĂ©rette. Les reprĂ©sentations suivantes ont largement corrigĂ© l’imprĂ©cision de l’orchestre et le frĂ©quent urlo francese » des voix de la premiĂšre, mais cette production n’est cependant toujours pas entiĂšrement convaincante. » Diapason – mai 2003 – Les BorĂ©ades de Rameau ont enfin Ă©tĂ© créés Ă  l’OpĂ©ra de Paris. GrĂące Ă  William Christie, malgrĂ© Robert Carsen. Au dĂ©but du troisiĂšme acte, la mariĂ©e Ă©tait en noir, voilette rabattue. Non que Barbara Bonney fasse le deuil d’un français auquel elle semble avoir renoncĂ© de bonne grĂące – personne n’ose croire qu’elle a refusĂ© de travailler avec son rĂ©pĂ©titeur pensant se faire comprendre dans notre langue. Non qu’elle pleure un rĂŽle trop large elle le dĂ©fend avec mĂ©tier, par des efforts sensibles, qui nous empĂȘchent seulement de trouver son Alphise ou tragique ou touchante. Non, la mariĂ©e Ă©tait en noir au cas oĂč nous serions demeurĂ©s. C’est un risque. Robert Carsen prend les devants et fabrique une image avec le songe affreux » qu’évoque Alphise, celui des noces auxquelles elle est contrainte. Noces noires, forcĂ©ment Alphise appartient, par sa naissance mais contre ses sentiments, au peuple des mĂ©chants. MĂ©chants corsetĂ©s de noir, menĂ©s par un BorĂ©e en impermĂ©able de cuir Laurent Naouri, impeccable, luttant contre des gentils vĂȘtus de sous-vĂȘtements blancs, qui, eux, aiment la nature. Du coup, pendant les ballets, les mĂ©chants doivent
 balayer les fleurs puis les feuilles d’automne dĂ©posĂ©es par ces gentils qui se font plein de bisous. Et mĂȘme entre garçons la chorĂ©graphie d’Edward Lock a la dĂ©licatesse de nous faire comprendre au V que l’athlĂšte torse nu en caleçon long filera le parfait amour avec son ami en slip et marcel
Christie, plus motivĂ© que jamais, ne se contente pas d’une Ă©lĂ©gance de convention il tient ses BorĂ©ades jusqu’au bout et porte fiĂšrement la progression des troisiĂšme et quatriĂšme actes – c’est Ă  des dĂ©tails comme cette bourrasque filĂ©e piano, froide et piquante, que l’on mesure son savoir-faire. Les cors klaxonnent dans l’Ouverture, le chef se noie dans l’Introduction, gĂ©niale et monstrueuse, du V
Le Choeur des Arts Florissants est dans ses trĂšs bons jours, l’orchestre sonne avec autant de couleurs que de souplesse, et la distribution est habilement Ă©quilibrĂ©e – Calisis cruel et insolent son aigu, son français ! de Toby Spence, BorilĂ©e impressionnant de StĂ©phane Degout, Apollon de Nicolas Rivenq, frĂšre en tendresse de son protĂ©gĂ© Abaris. » Théùtre de Caen – prĂ©sentation TrĂšs rarement portĂ©e Ă  la scĂšne, l’ultime tragĂ©die lyrique de Jean-Philippe Rameau est une merveille d’invention musicale et d’intelligence dramatique. William Christie et Robert Carsen unissent ici leurs talents pour nous en rĂ©vĂ©ler toutes les subtilitĂ©s. Rameau a 80 ans lorsqu’il entreprend la composition d’une nouvelle tragĂ©die lyrique Abaris ou les BorĂ©ades sur un livret de Cahusac. Nous sommes alors en 1764 et, depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ , la querelle des Bouffons a relĂ©guĂ© Rameau auprĂšs de Lully, parmi les gloires du passé  Or, Ă  aucun moment la musique ne montre de signes d’épuisement, bien au contraire ! Sur le thĂšme des amours contrariĂ©es d’une reine promise Ă  un descendant de BorĂ©e, dieu du vent du Nord, mais amoureuse d’un charmant aventurier qui s’avĂšrera ĂȘtre fils d’Apollon, Rameau Ă©crit une musique Ă©tincelante d’une incroyable richesse d’inspiration dĂ©montrant que la veine n’est en rien tarie. Comme dans ses tragĂ©dies antĂ©rieures, la musique traduit avec infiniment de justesse toute la gamme des passions humaines, de la tendresse d’Alphise aux fureurs jalouses de BorĂ©e et de sa suite. Et comme toujours chez Rameau, symphonies et danses Ă©maillent la tragĂ©die de leurs feux, avec parfois ces “contours Ă©tranges” dont parle fort justement Girdlestone, certaines audaces harmoniques qui tĂ©moignent de l’aspiration du compositeur vers un ailleurs
 Lorsque Rameau s’éteint le 12 septembre 1764, son chant du cygne est achevĂ©, mais il faudra attendre longtemps, trĂšs longtemps, avant d’en dĂ©couvrir les splendeurs. » Altamusica – Les BorĂ©ades dans le noir Faut-il mettre sur le compte d’une soirĂ©e passablement perturbĂ©e, les imprĂ©cisions de l’Orchestre des Arts Florissants et les quelques difficultĂ©s Ă  rĂ©aliser une vĂ©ritable fusion entre la fosse et le plateau ? Peu importe. William Christie restitue toute la splendeur et les raffinements de la musique de Rameau, en engageant musiciens et chanteurs dans un mĂȘme Ă©lan de jeunesse, toujours habitĂ© par la rigueur d’un style dans lequel ils excellent. La distribution est dominĂ©e par Paul Agnew, magnifique Abaris, et les trois barytons français Laurent Naouri, StĂ©phane Degout et Nicolas Rivenq, indiscutablement parmi les meilleurs de leur gĂ©nĂ©ration. MalgrĂ© de beaux accents, une rĂ©elle prĂ©sence scĂ©nique et une science du chant qui n’est pas en cause, Barbara Bonney, Alphise, se heurte aux lois de la dĂ©clamation baroque, ou pire, semble les ignorer. Quant Ă  la chorĂ©graphie d’Edouard Lock, entre gymnastique rythmique mais sur pointes et corps dĂ©chaĂźnĂ©s d’une jeunesse affolĂ©e, elle donne le sentiment de raconter une histoire Ă©trangĂšre Ă  celle qui nous est donnĂ©e Ă  entendre par Rameau. Pour cĂ©lĂ©brer cet hymne Ă  la libertĂ© et Ă  la fraternitĂ©, Robert Carsen imagine un champ de fleurs au premier acte, et un tapis de feuilles d’automne au second, s’envolant d’immenses parapluies retournĂ©s. AtmosphĂšre Peace and Love, prestement rĂ©primĂ©e par des hommes en noir, armĂ©s de rĂąteaux balayeurs, dĂ©terminĂ©s Ă  rĂ©tablir l’ordre dans le royaume. On Ă©tait loin du merveilleux baroque et de ses enchantements, mais on savait dĂ©jĂ  qu’Alphise, la reine insoumise, refusait de prendre pour Ă©poux un des princes borĂ©ades dĂ©signĂ©s par les dieux, et qu’elle aimait Abaris, un jeune homme sans naissance. On se doutait qu’elle ne cĂ©derait pas. Les images en noir et blanc, belles mais glacĂ©es, allaient alors servir de cadre Ă  la fĂȘte tragique rĂ©volte de la reine, colĂšre des dieux, ouragan sur la citĂ© dĂ©vastĂ©e, enlĂšvement de la rebelle et descente aux enfers. Mais soudain le dĂ©cor d’épure et la poĂ©sie retrouve en partie ses droits dans la scĂšne des Ă©preuves dont Abaris sortira vainqueur, par la grĂące d’une Ă©pĂ©e enchantĂ©e, don de la reine Alphise, qui elle-mĂȘme la tenait du dieu Amour. L’apparition d’Apollon, deus ex machina, suspendu dans les airs est le seul clin d’Ɠil Ă  la magie baroque, singuliĂšrement absente du projet scĂ©nique. Heureusement, c’est Rameau qui a le dernier mot. En s’accordant une ultime contredanse, le divertissement contre les larmes, il fait savoir qu’il entend faire exactement ce qu’il lui plait, et rejoint le cri de la nymphe Le bien suprĂȘme, c’est la libertĂ©. » Concertclassic – Lettre du 6 avril 2003 La mise en scĂšne de Robert Carsen privilĂ©gie Ă  cet autre Ă©lĂ©ment substantiel de la tragĂ©die lyrique Française » la danse. Les ballets crĂ©ent autant de rĂ©crĂ©ations visuelles » oĂč la tension des rĂ©citatifs et des airs s’estompent. Les danseurs de la compagnie invitĂ©e La la la Human steps » dessinent par le geste des mains et des corps une gesticulation parfois rĂ©pĂ©titive rĂ©glĂ©e par Edouard Lock qui rivalise souvent avec l’éloquence foisonnante des instruments. Sur la scĂšne, Barbara Bonney Alphise et Paul Agnew Abaris soumettent leur implication vocale aux exigences de la dĂ©clamation. La premiĂšre souffre dans une langue qui la contraint mais la musicalitĂ© du timbre est impĂ©riale ; le second qui fut une PlatĂ©e » d’anthologie, articule tessiture plus large mais aigus intacts, les dĂ©fis du livret signĂ© Cahusac. La tendresse hĂ©roĂŻque de la voix acentue les mots particuliĂšrement mezza voce aux actes IV et V. Seconds rĂŽles », parfaits de conviction et d’articulation, le BorĂ©e » de Laurent Naouri et le prince BorĂ©ade, Calisis », de Toby Spencer dont l’éclat cristallin des voyelles nous avait dĂ©jĂ  saisi dans l’actuel Guillaume Tell » Ă  Bastille oĂč il joue le pĂȘcheur. Enfin, articulation exemplaire, timbre racĂ© et fruitĂ©, le baryton Nicolas Rivenq incarnait avec humanitĂ© le Grand PrĂȘtre, mentor d’Abaris, avant de paraĂźtre Ă  l’acte final, suspendu dans les airs, en Apollon. Il donne au rĂŽle sa noblesse et sa grandeur. Il est cet arbitre du destin, juge des contrastes, entre la nuit tragique d’une humanitĂ© Ă  qui le bonheur est refusĂ© et la lumiĂšre resplendissante d’une Arcadie libre, retrouvĂ©e. Cette crĂ©ation » tant espĂ©rĂ©e Ă  l’OpĂ©ra de Paris est une rĂ©ussite. L’inventivitĂ© de la partition, sa dĂ©mesure inĂ©dite et visionnaire, son ironie et sa souveraine musicalitĂ©, nous sont enfin rĂ©vĂ©lĂ©es. » Le Monde – 31 mars 2003 – La malĂ©diction des BorĂ©ades » Ă  Garnier – L’Ɠuvre de Rameau desservie par une direction dĂ©cousue et une modernitĂ© dĂ©suĂšte Interrompues en pleines rĂ©pĂ©titions de la crĂ©ation, notamment parce que la partition de Jean-Philippe Rameau Ă©tait d’une redoutable difficultĂ©, ces BorĂ©ades n’avaient jamais Ă©tĂ© donnĂ©es sur la scĂšne de l’OpĂ©ra de Paris. Voici qu’elles menacent d’ĂȘtre une fois encore ajournĂ©es William Christie attaque l’acte III ; quelques minutes plus tard, la tension Ă©lectrique dĂ©croĂźt, suivie par un total black out. Le spectacle reprend, sans encombre. Etant donnĂ© les circonstances, on Ă©mettra avec prudence les fortes rĂ©serves que suscite cette premiĂšre parisienne. Avant et aprĂšs la panne, l’orchestre et les chƓurs des Arts florissants tĂ©moignent d’un inquiĂ©tant manque d’ensemble cors perdus, bois peu justes, cordes acides et parfois Ă  la dĂ©route, comme dans l’air L’amour embellit la vie », acte V. Les dĂ©parts des chƓurs sont flottants et brouillons, les danses sont instables de tempo. Et, dans le seul morceau de l’Ɠuvre oĂč tout doit ĂȘtre vraiment d’une mise en place millimĂ©trĂ©e le gĂ©nial et prĂ©webernien prĂ©lude de l’acte V, Christie n’est pas clair. Le chef franco-amĂ©ricain ne parvient Ă  faire des BorĂ©ades qu’une suite de moments, sans logique entre les tempos mĂȘme entre deux piĂšces aussi organiquement liĂ©es que la sublime allemande avec bassons en taille de l’acte IV et le chƓur Parcourez le monde » et ce n’est pas la pĂąle Barbara Bonney Alphise, chantant en espĂ©ranto baroqueux, ou Paul Agnew, chaleureux et musicien, mais peu Ă  l’aise ce soir dans cette tessiture escarpĂ©e, qui rattrapent la faillite musicale de cette premiĂšre. Excellentes interventions, en revanche, de StĂ©phane Degout projection, diction, mise en place dans le rĂŽle de BorilĂ©e. Robert Carsen signe une mise en scĂšne chic et toc de plus. Une idĂ©e force, une seule les forces du plaisir et de la coercition s’opposent les uns habillĂ©s en Men in Black, les autres en sous-vĂȘtements blancs au cours des quatre saisons. Le tout dans une ambiance glauque, Ă©clairĂ©e de biais, avec ce type de dĂ©cor minimaliste international qui conviendrait parfaitement pour la dĂ©coration d’une boutique du styliste Calvin Klein. On a cru rĂ©gler l’épineux problĂšme des danses gĂ©niale musique qui parsĂšment la partition en en confiant la chorĂ©graphie Ă  Edward Lock compagnie La La La Human Steps. Mouvements Ă©pileptiques et amphĂ©taminĂ©s, dĂ©calĂ©s », critiques ». Osons le dire Ă  cĂŽtĂ© de la plaque dans leur modernitĂ© dĂ©suĂšte. Le public de la premiĂšre a copieusement huĂ© la chorĂ©graphie et la mise en scĂšne de ce spectacle. » Forum OpĂ©ra – 3 avril 2003 On croyait tout connaĂźtre de Robert Carsen. On murmurait que ses mises en scĂšne se rĂ©pĂ©taient, on se disait blasé  et voici qu’il crĂ©e la surprise avec une production d’une totale originalitĂ© et d’une grande intelligence ! Pour ces BorĂ©ades, il a imaginĂ© un monde dans lequel les fils de BorĂ©e, princes sadiques et pervers, ainsi que leurs partisans, sont des ĂȘtres au physique interchangeable, tout de noir vĂȘtus. Ces individus arrachent les fleurs et sont armĂ©s de parapluie, qui servent aussi bien Ă  dĂ©clencher la tempĂȘte qu’à faire tomber les feuilles mortes ou se protĂ©ger des Ă©lĂ©ments. Les sujets d’Abaris sont habillĂ©s tout en blanc, font l’amour dans les feuilles mortes et rĂ©parent les dĂ©gĂąts causĂ©s par la tempĂȘte avec des balais. Robert Carsen fait de leur souverain, interprĂ©tĂ© par Paul Agnew, un anti-hĂ©ros craquant, conscient de ses faiblesses et habitĂ© par le doute, auquel seul l’amour d’Alphise donnera la force et le courage de s’opposer aux oppresseurs. Ces oppositions noir/blanc, brutalitĂ©/doutes, cupiditĂ©/amour, ariditĂ©/fleurs, donnent lieu Ă  des images d’une grande beautĂ©, amplifiĂ©es par une direction d’acteurs toute en subtilitĂ©. Et la scĂšne finale, dans laquelle le cruel BorĂ©e, converti au bien et Ă©quipĂ© de blanc, protĂšge de son parapluie le couple de hĂ©ros s’embrassant parmi les fleurs sous une ondĂ©e bienfaisante, est particuliĂšrement rafraĂźchissante. Le seul reproche qu’on puisse adresser Ă  cette mise en scĂšne, c’est de compliquer l’histoire, de la rendre moins comprĂ©hensible Ă  un public qui ne connaĂźt pas forcĂ©ment l’oeuvre. De plus, les options de Robert Carsen deviennent surtout lisibles Ă  partir de la deuxiĂšme partie, c’est-Ă -dire l’acte III. C’est un peu la mĂȘme chose avec la chorĂ©graphie. Pendant toute la premiĂšre partie, on voit des danseuses musclĂ©es, cheveux serrĂ©s en chignons austĂšres, vĂȘtues de maillots de bain noir, qui font fortement penser Ă  un groupe de nageuses est-allemandes occupĂ©es par une sĂ©ance de body building sur un rythme diffĂ©rent de celui de la musique, et subitement, aprĂšs l’entracte, tout se met en place, la chorĂ©graphie contemporaine, est-il besoin de le prĂ©ciser acquiert miraculeusement sens et harmonie. La distribution vocale est presque Ă  la hauteur de cette belle mise en scĂšne. Presque, car on se demande vraiment ce que Barbara Bonney vient faire en Alphise. Elle-mĂȘme a l’air de se le demander, d’ailleurs. Les vocalises sont savonnĂ©es, les aigus tirĂ©s, le timbre bizarrement Ă©touffĂ©. C’est une autre paire de manches avec la distribution masculine, carrĂ©ment enthousiasmante. Les fils de BorĂ©e, prĂ©tentieux autant que vicieux, sont interprĂ©tĂ©s par StĂ©phane Degout et Toby Spence, l’un comme l’autre dotĂ©s d’un beau timbre, d’une technique en bĂ©ton et d’une diction parfaite. La vocalise de Toby Spence sur le mot jouissons » alors qu’il effectue un strip-tease est un des moments de pur plaisir de la soirĂ©e. Leur cruel pĂšre n’a rien Ă  leur envier, si ce n’est que dans les rĂŽles de mĂ©chant, Laurent Naouri a tendance Ă  perdre de vue le legato, quoi qu’il en soit, c’est du gaspillage de ne pouvoir faire appel Ă  lui que dans le dernier acte. Gardons le meilleur pour la fin avec un Paul Agnew en Ă©tat de grĂące, Ă  qui Abaris convient spĂ©cialement bien. Le rĂŽle est Ă©crasant car il quitte peu la scĂšne, il est ainsi l’unique soliste de tout l’acte IV et il fait merveille, tout particuliĂšrement grĂące Ă  une science confondante de la voix mixte. Au final, une excellente soirĂ©e, mĂȘme si on a pu noter quelques couacs de la part des cors, et un lĂ©ger manque d’allant de l’orchestre des Arts Florissants dans les danses rapides. » ConcertoNet – 28 mars 2003 La malĂ©diction se poursuit, mais laquelle ? Celle frappant les productions baroques de la maison, aprĂšs le sabotage dont fut victime Jules CĂ©sar RenĂ© Jacobs est dĂ©cidemment le suspect numĂ©ro un, puisqu’il jouait avant-hier soir Ă  Paris ! ? Ou celle poursuivant l’ultime enfant de Rameau, saluĂ© pour sa rĂ©ception, deux cent trente neuf ans aprĂšs sa commande, par deux pannes gĂ©nĂ©rales d’électricitĂ© touchant l’ensemble du quartier, phĂ©nomĂšne pour le moins inhabituel ? Ne quittez pas vos places, j’espĂšre que nous parviendrons finalement Ă  crĂ©er Les BorĂ©ades. En attendant, je vous laisse le loisir d’admirer ce merveilleux plafond pour lequel tout le monde connaĂźt mon affection », est venu dire au public un Hugues Gall en apparence dĂ©contractĂ© et pince-sans-rire. L’occasion Ă©tait d’autant plus forte que ce chef d’Ɠuvre absolu est, chacun le sait, Ă©cartĂ© des scĂšnes par le hold-up d’un Ă©diteur se comportant Ă  son Ă©gard avec le mĂȘme amour que le rentier boursicoteur qui trouverait un Watteau dans son grenier – huit pour cent de la recette lui est reversĂ© chaque soir ! Ceux qui n’étaient ni Ă  Aix deux dĂ©cennies plus tĂŽt, ni Ă  Salzbourg il y a quatre ans entendaient donc pour la premiĂšre fois Ă  la scĂšne cette féérie fantasque, sensuelle et sauvage, ennoblie du plus Ă©loquent message libertaire des LumiĂšres. Cette dĂ©finition sommaire laisse bien percevoir que le Rameau cher Ă  notre cƓur est plutĂŽt celui de Gardiner, dont on prie tous les soirs pour l’improbable retour, moins celui du tandem Ă©prouvĂ© Christie – Carsen. S’il a peu de rivaux sĂ©rieux quant Ă  la connaissance du sujet, le premier sĂ©duit surtout ce soir par un engagement dont il n’a pas toujours fait preuve ces derniĂšres annĂ©es Le Retour d’Ulysse et Les FĂȘtes d’HĂ©bĂ© mis Ă  part, une structuration ferme et convaincue de l’ouvrage. Les phrasĂ©s toujours un peu sautillants, le tempo retenu, la matiĂšre souvent clairette d’un orchestre qui n’est pas, lui, dans un soir de gloire mais le choeur est magnifique, s’apprĂ©cieront en fonction de ce que chacun attend de l’ouvrage. Peu d’excuses en revanche pour Robert Carsen, sinon la timiditĂ© face Ă  un baroque français qui lui est beaucoup moins familier. Dispositif scĂ©nique acoustiquement dĂ©sastreux et théùtralement sans intĂ©rĂȘt, manichĂ©isme primaire qui fusille le sujet, resucĂ©e indigeste des spectacles prĂ©cĂ©dents. On n’a certes rien contre les trĂšs jolis garçons qui peuplent complaisamment le plateau, mais l’hĂ©tĂ©rophobie manifeste, le refus de tout Ă©rotisme les femmes sont soit des duĂšgnes espagnoles, soit des nageuses est-allemandes, et les partouzes tristes tournent vite Ă  la sieste des familles paraĂźt pour le moins dĂ©calĂ©. Le bourgeois globalisĂ© occidental semble toujours le seul genre de personnage qui intĂ©resse Carsen, le bon dieu lui offrant Ă  choisir entre le Mal en noir et le Bien en blanc avec des idĂ©es pareilles, pas Ă©tonnant que l’Irak croule sous les bombes amĂ©ricaines. Mais consolez-vous mes frĂšres, tout le monde deviendra gentil Ă  la fin dans la formidable FlĂ»te d’Aix, les contradictions du livret se voyaient astucieusement rĂ©solues. Ici, elles sombrent dans la miĂšvrerie. Etrangement, c’est Ă  Atys que le metteur en scĂšne avait d’abord rendu hommage, avec une nouvelle variation sur la contrainte des corps Ă©crasĂ©s par l’étiquette le costume, et dont seule la fĂȘlure de la danse exprime l’aspiration Ă  la libertĂ© ; mais la chorĂ©graphie nous entraĂźne moins vers la nĂ©vrose que vers le grotesque. Restent Ă©videmment une sĂ©rie d’images merveilleuses, rĂ©alisĂ©es avec une confondante maĂźtrise quoique ces sempiternelles sĂ©ances de balayage soient bien bruyantes. Mais pour en faire quoi ? Christie dĂ©fendant l’essentiel, le handicap du spectacle pouvait ĂȘtre surmontĂ© par la distribution. C’est en partie le cas, Ă  une trĂšs grave exception prĂšs. L’Alphise de Barbara Bonney qui donc a eu une idĂ©e pareille ?, d’un bout Ă  l’autre absurde. Avec son timbre caressant et clair qui scintille dans le haut mĂ©dium, sa subtile musicalitĂ© de rĂ©citaliste, elle n’a aucune des qualitĂ©s du rĂŽle le tranchant, la tenue de souffle permettant la puissance dĂ©clamatoire ou les envolĂ©es virtuoses d’autant qu’elle assume seule l’air du premier acte, et s’y effondre, le mĂ©dium plein et mordant, les mots ciselĂ©s et portĂ©s par la ligne musicale – son français demeure Ă  l’état de Chamallow incomprĂ©hensible, l’ornementation malaisĂ©e. Le metteur en scĂšne a-t-il encore suivi un parti-pris misogyne en la transformant ainsi en nunuche boudinĂ©e, ou est-elle seule responsable ? DĂšs qu’elle quitte la scĂšne, le plateau masculin respire. Et lĂ , que de bonheurs ! Paul Agnew, toujours un peu fragile et mis Ă  mal par la longueur de l’Ɠuvre, toujours avare aussi d’accents hĂ©roĂŻques dans un rĂŽle qui demande plus que le moelleux perpĂ©tuel, mais phrasant avec un art infini, en un français idĂ©alement sensible et intelligent, dans ce registre mixte d’une rare dĂ©licatesse. FrĂšres borĂ©ades scĂ©niquement parfaits et transcendant vocalement les ensembles de Spence et Degout, le premier stupĂ©fiant clairon dans l’aigu qui doit simplement veiller aux Ă©carts de justesse, le second d’une densitĂ©, d’une probitĂ© remarquables, dont l’articulation peut encore gagner un tout petit peu en libertĂ©. Nicolas Rivenq doit comme souvent franchir l’obstacle d’attaques forcĂ©es et rigides, mais prĂ©serve la dignitĂ© de ses caractĂšres dans la pire adversitĂ© pauvre Apollon, transformĂ© en JĂ©sus Christ de show tĂ©lĂ©vangĂ©lique dans ce qu’on espĂšre ĂȘtre du second degrĂ©, mais qui tombe Ă  plat, Naouri est simplement gĂ©nial en BorĂ©e, rappelant dans la gloire sonore du mĂ©dium, le dĂ©liĂ© de chaque mot, la puissance de la caractĂ©risation, quel chemin il a parcouru ces cinq derniĂšres annĂ©es, et combien sa place est aujourd’hui unique dans le chant français. Inutile de dĂ©tailler plus avant gardez les hommes et trouvez une Alphise, conservez le chef ou invitez le Ă  alterner avec le ramĂ©lien perdu, brĂ»lez tous les dĂ©cors et appelez un metteur en scĂšne intĂ©ressĂ© par la question. Certes, ça va encore coĂ»ter des millions, mais l’une des plus belles musiques de l’histoire vaut bien un petit coup de balai en plus. » Londres – BBC Henry Wood Proms – 19 juillet 1999 – Salzbourg – Salzburger Festspiele – Kleinesfestspielhaus – 21, 23 mai, 26, 30 juillet, 1, 5, 7 aoĂ»t 1999 – Orchestra and Chorus of the Age of Enlightenment – dir. Simon Rattle – mise en scĂšne Ursel Herrmann, Karl-Ernst Herrmann – dĂ©cors, costumes Karl-Ernst Herrmann – chorĂ©graphie Vivien Newport – avec Barbara Bonney Alphise, Heidi Grant Murphy SĂ©mire/Nymphe, Matthias Klink Phanuel, Charles Workman Abaris, Jeffrey Francis Calisis, Russell Braun BorilĂ©e, David Wilson-Johnson BorĂ©e, Lorenzo Regazzo / Lutz Förster Adamas/Apollon Avec cette nouvelle production des Herrmann, l’attente Ă©tait grande, et elle n’a pas Ă©tĂ© déçue, pour ce qui est peut-ĂȘtre l’apogĂ©e d’un travail crĂ©atif hors du commun qu’on suit maintenant, Ă  l’opĂ©ra, depuis prĂšs d’une vingtaine d’annĂ©es. Un unique dĂ©cor architecturĂ©, avec un salon ovale Ă  la grande maniĂšre viennoise, couronnĂ© d’une galerie Ă  oculi ; derriĂšre ses larges portes-fenĂȘtres, un arriĂšre-plan de frondaisons peintes sur le grand cyclorama mobile, faisant passer de l’étĂ© Ă  l’hiver, et au sol un plateau mobile, qui entrera en convulsion dans la tourmente du troisiĂšme acte, au milieu des feuilles soulevĂ©es par le vent, mais qui peut aussi accueillir le dĂ©-roulement spiralĂ© d’un labyrinthe de verdure, dans une Ă©poustouflante transformation Ă  vue au deuxiĂšme acte voilĂ  le cadre pertinent et raffinĂ©, d’une constante et admirable beautĂ© plastique, oĂč trois heures durant se dĂ©roule une action complexe, dont il est impossible de saisir Ă  premiĂšre vision les imbrications multiples. Avec cet outil sophistiquĂ©, la production rĂ©ussit l’exploit de retrouver l’essence de la tragĂ©die lyrique. L’invention d’un meneur de jeu, danseur et mime d’exception admirable LĂŒtz Förster fait partie des trouvailles magistrales de la dramaturgie, qui ouvre et ferme le spectacle, et qu’on verra mĂȘme apparaĂźtre en irrĂ©sistible diable, comme encore, Ă  cĂŽtĂ© des excellents ballets de Vivienne Newport, cette troupe d’acrobates virtuoses, au service de BorĂ©e, qui saute au trampoline Ă  l’arriĂšre-plan, joue les funambules, et finira par dĂ©velopper un incroyable numĂ©ro de trapĂšze volant pour accompagner l’orage soulevĂ© par le dieu des vents
 Cet extraordinaire travail a Ă©tĂ© servi au mieux par une Ă©quipe musicale homogĂšne et ardemment engagĂ©e dans la production. Pour le plateau, on y distinguera pourtant les deux protagonistes, avec une Barbara Bonney sans doute peu comprĂ©hensible, mais d’une ligne irrĂ©prochable, et d’une expressivitĂ© intense qu’on n’attendait pas Ă  ce point, et surtout la rĂ©vĂ©lation de l’Abaris de Charles Workman, d’une admirable clartĂ© de diction, d’une virtuositĂ© sans faille, et d’une Ă©tonnante prĂ©sence scĂ©nique. Avec un relief un peu moins Ă©blouissant, les deux fils du dieu des vents alliaient pourtant panache vocal et brillant du jeu d’acteurs, comme encore le bel Amour de Heidi Grant Murphy et le solide BorĂ©e de David Wilson-Johnson. Seul bĂ©mol pour l’Apollon engorgĂ© et assez mal chan-tant ou en mĂ©forme de Roberto Scaltriti. LĂ  oĂč on ne l’attendait peut-ĂȘtre pas non plus Ă  ce niveau de qualitĂ©, Simon Rattle a donnĂ© une lecture d’une richesse de nuances souvent Ă©mouvante, pour un baroque possible, trĂšs diffĂ©rent de celui, constamment bondissant, de Marc Minkowski, ou, dans un autre concert, de Giovanni Antonini, mais tout aussi convaincant, avec un Orchestre de l’Age des LumiĂšres pleinement satisfaisant, et le bel ensemble, tout nouvellement fondĂ©, des European Voices. Accueil triomphal Ă  la premiĂšre et standing ovation Ă  la seconde, pour cette production hors norme qu’il faudra revoir cet Ă©tĂ© et qui mĂ©rite maintenant la plus large diffusion seul le Liceo de Barcelone est pour l’instant prĂ©vu. Rameau couronnĂ© Ă  Salzbourg qui aurait pu seulement l’imaginer il y a une vingtaine d’annĂ©es. » OpĂ©ra International – juillet/aoĂ»t 1999 Stuttgart – 1996 Birmingham – Touring Opera – 1993 – dir. Simon Rattle – mise en scĂšne Graham Vick Londres – Royal Academy of Music – 1986 – version scĂ©nique – dir. Roger Norrington Londres – 1985 – dir. John Eliot Gardiner OpĂ©ra de Lyon – 2, 3, 5, 6, 8 fĂ©vrier 1983 – dir. John Eliot Gardiner – mise en scĂšne Jean-Louis Martinoty – dĂ©cors Ogier – chorĂ©graphie Catherine Turocy – avec Philip Langridge Abaris, Gilles Cachemaille BorilĂ©e, François Le Roux Adamas, Jean-Philippe Lafont BorĂ©e, John Aler Calisis, Jennifer Smith Alphise, Anne-Marie Rodde SĂ©mire Ce spectacle co-produit avec le Festival d’Aix
a rencontrĂ© un succĂšs tout aussi chaleureux qu’à Aix. Le mĂ©rite en revient d’abord au travail scĂ©nographique de Jean-Louis Martinoty et de Daniel Ogier, travail adroit, cohĂ©rent »  »Un tel travail possĂšde le mĂ©rite d’intĂ©resser le mĂ©lomane du XXe siĂšclke aux pompes et aux oeuvres de l’opĂ©ra-ballet versaillais avec son incroyable action, ses rĂ©citatifs et ses interminables ballets allĂ©goriques »  »On remarqua les qualitĂ©s vocales
surtout de John Aler, remarquable tĂ©nor Ă  la voix d’une souplesse infinie »  »Reste aussi la direction impeccable, car Ă  la fois subtile, prĂ©cise et contrastĂ©e, bref habitĂ©e par la grĂące, que dĂ©veloppa John Eliot Gardiner, Ă  qui l’on doit la dĂ©couverte de cette partition ». OpĂ©ra International – mars 1983 Grand Prix de la Critique dramatique et musicale 1983 – catĂ©gorie Triomphe du théùtre lyrique Les BorĂ©ades au Festival d’Aix en Provence. Festival d’Aix en Provence – Théùtre de l’ArchevĂȘchĂ© – 21, 24, 28, 30 juillet, 2 aoĂ»t 1982 – English Baroque Soloists – New York Dance Company – dir. John Eliot Gardiner – mise en scĂšne Jean-Louis Martinoty – chorĂ©graphie Catherine Turocy – dĂ©cors et costumes Daniel Ogier- avec Jennifer Smith Alphise, Anne-Marie Rodde SĂ©mire, Sophie Boulin Polymnie, Martine March une Nymphe, Philip Langridge Abaris, John Aler Calisis, Jean-Philippe Lafont BorĂ©e, Gilles Cachemaille BorilĂ©e, François Le Roux Adamas, Stephen Varcoe Apollon – coproduction avec l’OpĂ©ra de Lyon Théùtre des Champs ElysĂ©es – 24 janvier 1981 – version de concert – dir. John Eliot Gardiner Londres – Queen Elizabeth Hall – avril 1975 – version de concert – dir. John Eliot Gardiner. Radio France – 16 septembre 1964 – premiĂšre exĂ©cution dans une rĂ©vision de Marc Vaubourgouin – Lyrique et le choeur de l’ – dir. Pierre-Michel Le Conte – avec Christiane Eda-Pierre, Nadine Sautereau, Bianco, Mallabrera, Sage, CalĂšs, MichĂšle Claverie Salle Gaveau – 2 dĂ©cembre 1933 – lors d’un concert des FĂȘtes du Peuple, Colette Schultz joua au clavecin la Gavotte pour les Heures et les ZĂ©phyrs

26partitions trouvées pour "Hymne à la nuit" TOUTES LES INSTRUMENTATIONS Paroles et Accords (21) Chorale TTBB (3) Piano,

Music files L E G E N D Disclaimer How to download ICON SOURCE Pdf Midi MusicXML Sibelius File details Help Editor Camille Martin submitted 2007-08-02. Score information A4, 7 pages, 50 kB Copyright CPDL Edition notes Arranged by Joseph Noyon for five voices SATBB. General Information Title Hymn Ă  la nuit "Ô Nuit" Composer Jean-Philippe Rameau Larger work Hippolyte et Aricie Lyricist Édouard Sciortinocreate page 1893-1979 Number of voices 4vv Voicing SATB Genre Secular, Chanson Language French Instruments A cappella First published Description An arrangement of the Duo des prĂȘtresses de Diane "Rendons un Ă©ternel hommage" External websites Complete opera at IMSLP see p 76 Original text and translations French textÔ nuit ! Qu'il est profond ton silence Quand les Ă©toiles d'or scintillent dans les cieux J'aime ton manteau radieux Ton calme est infini Ta splendeur est immense Ô nuit ! Toi qui fais naĂźtre les songes Calme le malheureux qui souffre en son rĂ©duit Sois compatissante pour lui Prolonge son sommeil, prends pitiĂ© de sa peine Dissipe la douleur, nuit limpide et sereine. Ô Nuit ! Viens apporter Ă  la terre Le calme enchantement de ton mystĂšre. L'ombre qui t'escorte est si douce, Si doux est le concert de tes voix chantant l'espĂ©rance, Si grand est ton pouvoir transformant tout en rĂȘve heureux. Ô Nuit ! Ô laisse encore Ă  la terre Le calme enchantement de ton mystĂšre. L'ombre qui t'escorte est si douce, Est-il une beautĂ© aussi belle que le rĂȘve ? Est-il de vĂ©ritĂ© plus douce que l'espĂ©rance ? Spanish textÂĄO Noche! Es profundo tu silencio cuando las estrellas brillan en el cielo. Me gusta tu manto radiante, tu calma es infinita, tu esplendor es inmenso. ÂĄO Noche! TĂș que planteas sueños, calma al desafortunado que sufre en su reducto. Ten compasiĂłn de Ă©l, prolonga su sueño, apiĂĄdate de su condena. Aparta el dolor; noche clara y serena. ÂĄO Noche! Das a La Tierra la calma encantada de tu misterio. La sombra que te acompaña es muy dulce Si dulce es el concierto de tu voz cantando la esperanza y grande es tu poder, transfĂłrmalo todo en un feliz sueño. ÂĄO Noche! Da otra vez a La Tierra la calma encantada de tu misterio. La sombra que te acompaña es muy dulce ÂżEs tan hermosa como un sueño? ÂżEs realmente mĂĄs dulce que la esperanza?
LANUIT (CHORISTES) RAMEAU Jean-Baptiste. Téléchargement - Liens : La Nuit (Version Choriste) (102Ko) Description : Chant à 3 voix. Extrait de la BO du film Les Choristes. Activité : Chorale, Chant, Ecoute. Niveau : 4Úme/3Úme. Projet : Non renseigné. Question - Thématique : Non renseigné. Compétences : Non renseigné. B2i : Non
Description LES CHORISTES SPÉCIAL PIANO Partitions pour piano AdaptĂ© pour le piano par Raoul Duflot-Verez, la musique du film "Les Choristes" de Christophe Barratier, composĂ©e par Bruno Coulais. 10 piĂšces pour piano. DĂ©clinaison pianistique tant attendue du Best Seller de l'an passĂ©. En bonus, le titre "Vois sur ton chemin" spĂ©cialement arrangĂ© pour clarinette et piano ainsi que pour flĂ»te et du recueil Vois sur ton chemin In memoriam Cerf-volant Caresse sur l'ocĂ©an Lueur d'Ă©tĂ© CompĂšre Guilleri La nuit Fond-de-l'Etang DĂ©tails du produit RĂ©fĂ©rence MYP-BOOK052
Icivous trouverez toutes les partitions pour chanter l’Hymne à la Nuit de Rameau, en choeur ou en solo ! +49 (0) 9303 98171-0 info@ Français Informations client
La Nuit is a harmonization due to Joseph Noyon 1888-1962 of a theme of the opera “Hippolyte and Aricie”, composed by Jean-Philippe Rameau in 1733. This has also become the main theme of the movie “Les Choristes”. Inclut la version interactive et le tĂ©lĂ©chargement PDF AccĂšs illimitĂ© Ă  partir de /mois L'abonnement premium comprend un accĂšs numĂ©rique illimitĂ© Ă  100 000 partitions et 10 € de crĂ©dit d'impression par mois. Nos outils interactifs pour vous aider Ă  apprendre rapidement Autres versions Plus de partitions - Jean-Philippe Rameau Enraison de la situation sanitaire et des recommandations gouvernementales la Chorale Populaire de Toulouse a suspendu ses rĂ©pĂ©titions et activitĂ©s. 2019-2020 . Gloria RV 389 – A. Vivaldi Bella Ciao L’Estaca – L. Llach. 2018-2019. Ad una fresca riva – L. Marenzio Bullerengue – J. R. RincĂłn La Vieille – C. Gervaise Les Chats – R. Veenker Mariam The Women's Choirbook15 All-Time Standards fĂŒr Frauenchor und Begleitungpour ChƓur de femmes SSA/SSAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 44514812,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition En stock. DĂ©lai de livraison 2–3 jours ouvrables be Vois sur ton chemin See upon Your PathfĂŒr Kinderchor/Frauenchor und Klavier Aus dem Film "Die Kinder des Mathieu" Les Choristespour ChƓur de femmes SA, pianoPartition№ d’article 5553262,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition En stock. DĂ©lai de livraison 2–3 jours ouvrables be Chor togetherWeihnachtslieder gemeinsam singen in jeder Besetzungpour ChƓurs SATB/SAB/SSAA/TTBB; piano ad d’article 69170822,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Bruno CoulaisCaresse Sur L'Ocean Les ChoristesAus dem Film "Die Kinder des Monsieur Mathieu"pour ChƓur de femmes SSA, pianoPartition de chƓur№ d’article 4921772,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Bruno CoulaisBruno Coulais/Christophe Barratier Cerf-volant Kite FlyingThis song beautifully depicts the image of a kite flying high in the air, implying a child's imaginative wishes and ChƓur de femmes SSA, pianoPartition de chƓur№ d’article 4851462,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Reynaldo HahnIf My Songs Were Only WingedSi mes vers avaient des ailes!pour ChƓur Ă  2 voix, pianoPartition de chƓur avec accompagnement de piano№ d’article 9623613,25 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Kaija SaariahoGrammaire Des RevesKlassikpour ChƓur Ă  2 voix, pianoPartition№ d’article 83618444,99 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Hector BerliozPriĂšre du Matin"Morgengebet" eingerichtet fĂŒr Frauenchorpour ChƓur de femmes SS, pianoRĂ©duction piano№ d’article 6552903,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Angels We Have Heard On HighVocal Part - Les anges dans nos campagnespour ChƓur de femmes SA, pianoPartition de chƓur№ d’article 8994422,70 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 4–6 semaines Bruno CoulaisLueur d'Ă©tĂ© Summer's Warm LightMusic from "Les Choristes"pour ChƓur de femmes SSA, pianoPartition№ d’article 6256943,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Arvo PĂ€rtL'AbbĂ© Agathonpour 2 solistes SA, chƓur de femmes SA, orchestre Ă  cordesPartition musicale de poche№ d’article 101993829,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Arvo PĂ€rtL'AbbĂ© Agathonpour 2 solistes SA, chƓur de femmes SA, orchestre Ă  cordesPartition de chƓur№ d’article 101993015,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Planet Earth I - Lonely PlanetKonzertwerkpour ChƓur de femmes SSAA, pianoSet de partitions№ d’article 120881537,00 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Planet Earth III - Mother EarthKonzertwerkpour ChƓur de femmes SSA, pianoSet de partitions№ d’article 120877152,00 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Bruno Coulais, Christophe BarratierLes ChoristesA beautiful selection of 8 choral pieces from the successful French film Les Choristes or The Choirpour ChƓur de femmes [chƓur d'enfants] 2–3 partitions, pianoPartition de chƓur№ d’article 37182931,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Jacques OffenbachBarcarolle aus "Hoffmann's ErzĂ€hlungen"pour 2 voix [chƓur de femmes] smez, pianoPartition№ d’article 20412310,95 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Francis PoulencLitanies Ă  La Vierge NoireNotre-Dame de Rocamadourpour ChƓur de femmes smeza, orguePartition de chƓur№ d’article 3279228,99 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Guillaume DufayBon jour, bon moisHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9159142,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Jean-Philippe RameauHymne Ă  la nuitpour choeur Ă  3 voix Ă©galespour ChƓur de femmes [chƓur d'hommes] Ă  3 voixPartition de chƓur№ d’article 4614562,60 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition En stock. DĂ©lai de livraison 2–3 jours ouvrables be CĂ©sar FranckPanis AngelicusViolon ad ChƓur de femmes SA, orguePartition№ d’article 5544262,75 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Au clair de la lunepour ChƓur de femmes SSAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 5801952,75 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Thierry PĂ©couEt la Jeannette avecpour ChƓur d'hommes [chƓur de femmes] 3 voix Ă©gales, clochePartition de chƓur№ d’article 6887976,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Hymne a la nuitHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSAA, pianoEinzelstimme№ d’article 9147492,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Gabriel FaurĂ©, AndrĂ© MessagerMesse Des PĂȘcheurs De Villervillepour choeur de femmes et orchestre de chambre partition de choeurpour ChƓur de femmes, orchestrePartition de chƓur№ d’article 1758027,75 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Gabriel FaurĂ©Il est nĂ© le divin enfant N 107aChristmas Carol BĂ€renreiter Urtextpour ChƓur Ă  une voix, orguePartition de chƓur texte original№ d’article 8171573,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be I hear the millwheelpour ChƓur de femmes SS, piano, percussionConducteur reliure Ă  spirale№ d’article 77627911,10 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition En stock. DĂ©lai de livraison 2–3 jours ouvrables be Gabriel FaurĂ©Observant la loi suprĂȘmeKlassikpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9168112,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Christopher TinTo The Starsfrom To Shiver The Sky Movement VIpour ChƓur de femmes SSA, pianoPartition de chƓur№ d’article 8616953,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be Henk BadingsCantiones Sacrae et Profanae 3Harmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9317938,99 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Jean-Philippe RameauO, NuitHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9128512,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Claude DebussyNocturnes 3Klassikpour ChƓur de femmes SA, pianoLivre№ d’article 22432917,35 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Ferenc FarkasLe goĂ»t de la paixA bĂ©ke mosolyapour ChƓur de femmes [chƓur d'hommes] Ă  3 voixPartition de chƓur№ d’article 8503242,30 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines ZoltĂĄn KodĂĄlyGeneva Psalm 150 Or soit loue l'ÉternelA 150. genfi zsoltĂĄrpour ChƓur de femmes SMezA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 8227292,30 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Maurice RavelChanson Françaisepour ChƓur de femmes SSA, pianoPartition de chƓur№ d’article 8623112,75 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Le RossignolFolkpour ChƓur de femmes SSAA, pianoEinzelstimme№ d’article 9309592,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Henk BadingsCantiones sacrae et Profanae 4Harmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9040627,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Claude DebussyClair de luneKlassikpour ChƓur de femmes SSA, pianoLivre№ d’article 4871699,45 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be Pierre PassereauIl est bel et bonHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 4321303,75 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition En stock. DĂ©lai de livraison 2–3 jours ouvrables be Sing Praises to Our SaviorCelebrons la naissancepour ChƓur de femmes SSAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 10389672,20 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 4–6 semaines Charles GounodChantez, magnanarellesHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SA, pianoEinzelstimme№ d’article 9256723,25 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines When at ChristmasQuand Dieu naquit a Noelpour ChƓur de femmes SSAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 10413242,20 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 4–6 semaines On a Summer DayEn passant par la Lorrainepour ChƓur de femmes SSA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 10401332,20 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 4–6 semaines KamillĂł LendvaySotto voce d'automne pour choeur de femmes Ɛszi chanson nƑikarrapour ChƓur de femmes SSSSAAAA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 8505043,20 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Gabriel FaurĂ©Caligula op. 52Musique de ScĂšne Repertoire Explorerpour ChƓur de femmes, orchestrePartition musicale de poche№ d’article 31844020,00 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 5–6 jours ouvrables be French Christmas Carolspour ChƓur de femmes SSA a cappellaPartition de chƓur№ d’article 10405543,30 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 4–6 semaines Claude DebussyNocturnes 3Klassikpour ChƓur de femmes SA, pianoEinzelstimme№ d’article 9842309,45 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Gabriel FaurĂ©NoĂ«l d'enfants N 111Christmas carol BĂ€renreiter Urtextpour ChƓur Ă  une voix, orgue [piano]Partition de chƓur texte original№ d’article 8171472,50 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison 3–4 jours ouvrables be C'est le Mai, joli MaiHarmonia-Womens Choirpour ChƓur de femmes SSA, pianoEinzelstimme№ d’article 9063013,25 €TVA comprise plus frais d'expĂ©dition DĂ©lai de livraison env. 1–2 semaines Acheterla partition musicale de DIVERS AUTEURS - Le petit pianorama + CD - piano - Partition avec CD - Allegro Partition : La musique par passion Connexion Ă  mon compte . Votre panier est vide ‱ Afficher : Allegro Partition Librairie Musicale 35, place Louise de Bettignies 59800 Lille TĂ©l. : 03 20 74 30 04 contact@allegro-partition.fr. 1) DĂ©butez votre
LesBorĂ©ades (Abaris ou les BorĂ©ades) OpĂ©ra commandĂ© Ă  Rameau par l’OpĂ©ra de Paris, mis en rĂ©pĂ©tition durant l’étĂ© 1764. Atteint de « fiĂšvre putride » le 23 aoĂ»t, Rameau mourut le 12 septembre et laissa l’Ɠuvre inachevĂ©e. Celle-ci fut abandonnĂ©e et non reprĂ©sentĂ©e, ni Ă©ditĂ©e en son temps.
Cemagnifique air extrait de l'opĂ©ra de Jean-Philippe Rameau "Hippolyte et Aricie" crĂ©e en 1733 est Ă  prĂ©sent surtout connu comme une des musiques du film "Les choristes". J'ai arrangĂ© ce morceau pour ma classe de clarinette en essayant de pouvoir faire jouer petits et grands ! Il conviendra tout Ă  fait pour un chƓur de clarinettes avec si possible deux ONuit! viens apporter Ă  la Terre le calme enchantement de ton mystĂšre L'ombre qui l'escorte est si douce! Si doux est le concert de tes voix chantant l'espĂ©rance, Si grand est ton pouvoir transformant tout en rĂȘve heureux B.F (UH!) O Nuit! oh laisse encore Ă  la Terre Le calme enchantement de ton mystĂšre L'ombre qui l'escorte est si douce!
\nla nuit de rameau les choristes partition
82Pnu.
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/449
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/484
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/423
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/98
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/333
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/289
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/100
  • pqjmh9z1i3.pages.dev/208
  • la nuit de rameau les choristes partition